Intervention de Gérard Longuet

Commission spéciale sur la délimitation des régions — Réunion du 1er juillet 2014 : 1ère réunion
Délimitation des régions élections régionales et départementales et modification du calendrier électoral — Examen d'une motion référendaire

Photo de Gérard LonguetGérard Longuet :

M. Krattinger a exprimé avec talent et passion les raisons pour lesquelles nous soutenons cette motion, parce que nous voulons un débat plus approfondi, nous souhaitons nous donner du temps sur un sujet majeur. Nous devons au Premier ministre Jean-Pierre Raffarin l'inscription dans notre Constitution du caractère décentralisé de notre République. L'idée d'une redéfinition des limites régionales n'est pas en soi absurde. Elle suppose un préalable, qui n'est manifestement pas traité par le Gouvernement : la définition du contenu des responsabilités des nouvelles régions et de celles, en particulier, qui proviennent d'un transfert de missions de l'État.

Dissipons une équivoque : le Gouvernement ne cesse d'évoquer la taille des régions au sein de l'Europe. Mais la force des régions, ce n'est pas la taille, mais les responsabilités ! Oui, il nous faut plus d'autonomie, de responsabilités. J'ai présidé la région Lorraine, voisine de l'Allemagne, dont les Länder ne sont forts que parce que le Bund ne l'est pas. C'est une autre conception de la République décentralisée. Dans une économie libérale, les Länder possèdent des participations dans des activités industrielles, en vertu d'une conception locale du socialisme industriel, celle des Stadtwerke, qui a également porté ses fruits en Alsace et en Moselle. C'est une autre tradition. Dans le projet dont nous sommes saisis, il n'est pas question de nouvelles responsabilités, mais seulement d'absorber celles des départements, que les intercommunalités rendraient caducs. Or, ce qui a survécu aux vicissitudes de l'histoire, faites de paradoxes et d'héritages complexes, mérite d'être pris en considération.

La taille n'est pas une réponse en soi. J'en veux pour preuve un autre voisin de la Lorraine, le Luxembourg, qui est riche, et ne compte que 550 000 habitants. Pourquoi l'est-il ? Non parce qu'il est grand, mais parce qu'il est habile. Si vous donniez à nos régions la possibilité d'être habiles, c'est-à-dire de leur donner des marges de manoeuvre ou des capacités d'initiative en matière de droit du travail, de fiscalité, d'entrepreneuriat, nous aurions des régions habiles, vivantes, aptes à accueillir les entrepreneurs et les investisseurs... La taille ne fait rien à l'affaire ! Vous ne voulez pas aller dans cette voie : vous nous proposez des régions plus grandes, mais pour faire la même chose, ce qui ne présente aucun intérêt.

On n'est pas impunément élu depuis un certain temps, on n'est pas impunément passionné par sa région, sans évoquer l'affectio societatis. La région n'est pas une circonscription administrative ! Énarque pur jus, je me soigne depuis 35 ans au suffrage universel à doses massives, j'aime l'État et je sais que la France s'est construite autour de son État. La France et son armée est pour moi un livre de référence...

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