Intervention de Brigitte Gonthier-Maurin

Délégation aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes — Réunion du 26 juin 2014 : 1ère réunion
Audition de Mme Aurélie Filippetti ministre de la culture et de la communication

Photo de Brigitte Gonthier-MaurinBrigitte Gonthier-Maurin, présidente :

Un an après la publication du rapport de notre délégation consacré à la place des femmes dans l'art et la culture, nous souhaitions vous recevoir pour faire le point sur les dix-neuf recommandations qui y sont formulées.

Je vous remercie d'avoir favorablement répondu à notre invitation et de nous permettre ce temps d'échange, à un moment où l'actualité relative à l'avenir du régime d'indemnisation de l'intermittence du spectacle ne doit pas manquer de vous préoccuper.

Lors du débat du 16 octobre 2013, dans l'hémicycle de notre assemblée, vous nous aviez présenté trois chantiers comme prioritaires, et ces trois dossiers rejoignaient ceux que nous avions identifiés dans notre rapport comme appelant des actions positives.

Il s'agissait de combattre les stéréotypes dans les contenus culturels, en particulier dans les médias, de donner leur place aux créatrices et de permettre aux femmes d'accéder aux postes à responsabilité.

Le débat d'octobre en séance publique avait été pour vous l'occasion de rappeler votre sensibilité au titre de notre rapport, intitulé : « La place des femmes dans l'art et la culture : le temps est venu de passer aux actes ».

En effet, les constats sont largement partagés. Depuis la publication du premier rapport de Reine Prat, en 2006, ils n'ont, hélas, pas changé : les inégalités entre les femmes et les hommes persistent, tant dans le domaine artistique qu'aux postes stratégiques de l'administration culturelle.

Ce que nous souhaitons aujourd'hui, ce n'est pas de revenir sur ce constat bien connu, mais d'envisager l'avenir.

Or, si certains dossiers ont été particulièrement investis par votre ministère, il nous semble que beaucoup reste encore à faire.

Parmi les avancées, je crois que nous pouvons vous féliciter :

- en premier lieu, d'être parvenue à réunir les professionnels autour de cette question : le comité « Égalité », auquel j'ai moi-même participé en mars 2014, est une instance de dialogue ouverte ;

- en second lieu, d'avoir réussi à imposer des « short-list » paritaires dans les procédures de recrutement des directeurs des établissements de production et de diffusion du spectacle vivant ; les récentes nominations de femmes à la tête de centres dramatiques nationaux (CDN) en sont le résultat ;

- enfin, d'avoir fait progresser la place des femmes à la tête des grandes institutions culturelles.

Ces avancées ont permis de donner une belle visibilité aux femmes dans ce secteur et je m'en félicite.

Néanmoins, la question des stéréotypes sexistes dans les contenus culturels, et en particulier dans les médias, continue de nous préoccuper fortement.

Ainsi, nous avions souhaité dans notre rapport que soit spécifiquement identifiée la question des inégalités entre les femmes et les hommes dans l'organisation et le contenu des travaux du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), en créant une mission qui aurait pour compétence :

- de réfléchir aux modalités d'une action de vigilance vis-à-vis des chaînes ;

- de faire un bilan annuel sur cette question, à l'instar du bilan sur la diversité ;

- et d'étudier les moyens d'introduire la clause de responsabilité sociétale envers les femmes lors de tout accord d'autorisation délivré aux chaînes privées.

De même, nous souhaitions associer la société civile au contrôle des stéréotypes, et nous avions fait plusieurs propositions en ce sens, notamment la création d'un site officiel de remontée des réactions de la société civile sur l'image des femmes dans les médias et les spectacles, pour faire émerger la vigilance citoyenne décentralisée.

Cela aurait aussi pu prendre la forme d'une valorisation des actions des associations en charge de ces questions, en donnant de la visibilité aux prix qu'elles décernent et en soutenant financièrement leurs efforts. Nous avions aussi suggéré, dans le même esprit, que soit facilitée la procédure de saisine du CSA pour les associations de défense des droits des femmes.

Pourriez-vous nous donner des informations sur les suites qui ont été données à cette question que nous estimons cruciale ?

Notre rapport a, par ailleurs, été l'occasion de révéler une pratique dont nous nous étions beaucoup inquiétés et que les professionnels ont décrites, à l'époque des auditions, comme généralisée, à savoir la banalisation des comportements sexistes dans les écoles d'art.

À cet égard, nous avions notamment souhaité le lancement d'une réflexion nationale sur ce sujet et la mise en oeuvre d'actions de prévention.

Ce chantier a-t-il été lancé ?

Enfin, comme vous l'avez-vous-même reconnu dans notre hémicycle en octobre 2013, la place des créatrices/auteures, metteures en scène, cheffes d'orchestre..., ne s'améliorera pas sans actions positives.

Nous avions suggéré de réfléchir à un lieu de création dédié, sorte de « laboratoire de production » réservé aux femmes.

Quel est votre sentiment à ce sujet ?

Madame la Ministre, je vous remercie pour votre attention et pour les informations que vous voudrez bien nous transmettre.

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