C'était une affreuse logique financière qui ignorait l'immense effort culturel réalisé par les collectivités territoriales, le mécénat, les associations, les entreprises, ou encore par l'industrie culturelle, et qui méconnaissait l'appétit culturel de nos compatriotes, qui dépasse largement 1 % de leur propre budget.
Depuis deux ans, nous traversons la crise dite « des intermittents », et ce n'est pas fini. Cette crise couvait sous la cendre depuis de nombreuses années, madame Blandin.
Votre mérite, monsieur le ministre, après celui de Jean-Jacques Aillagon, aura été de positiver cette crise pour prendre conscience de la nécessité d'une réflexion d'ensemble sur la création et la diffusion culturelles dans ce pays. C'est le sens de la contribution au débat apportée par Jacques Valade, qui souligne que la création culturelle, si elle reste foisonnante en France, se définit par trois caractéristiques principales.
Tout d'abord, elle est marquée par des incongruités. L'aspect budgétaire et financier reste lancinant, la création est insuffisamment financée et tout le monde note une dérive de l'indemnisation du chômeur culturel, contrairement à ce qui s'est passé pour d'autres catégories de chômeurs.
Ensuite, l'aspect social et même moral qui sublime la création précarise la situation des créateurs et de leurs collaborateurs.
Enfin, le troisième aspect, souligné dans son rapport par Jacques Valade et par certains autres sénateurs, est l'aspect démocratique ; il est sans doute le plus crucial pour nous. En effet, les créateurs ont du mal à trouver leur public.
Je cite une phrase du rapport : « il convient de remettre la population au centre des préoccupations du spectacle vivant. » Si le spectacle vivant rencontre des spectateurs moribonds, il n'y a plus de spectacle.