Intervention de Louis de Broissia

Réunion du 1er février 2005 à 16h00
Spectacle vivant — Débat sur une déclaration du gouvernement

Photo de Louis de BroissiaLouis de Broissia :

Le spectacle vivant aujourd'hui - parfois, j'ai l'impression d'enfoncer des portes ouvertes, mais nous sommes là pour cela - est un panaché permanent de baladins, de créateurs de génie, ou non, de spectateurs dans les salles ou derrière l'écran de télévision, à l'Opéra Bastille comme au parvis Saint-Jean à Dijon, dans les cinémas d'art et d'essai comme dans les concerts des petites écoles de musique de la Côte d'Or, réunis sur l'initiative du ministre de la culture ou sur celle de l'Association bourguignonne culturelle.

Mes chers collègues, ne pleurons pas sur une diversité culturelle morte ! Pour la quatrième année consécutive, la France a produit plus de 200 films et elle approche les 200 millions de spectateurs dans les salles de cinéma ; Chaque année, la musique française produit plus de 50 000 nouveautés, toutes variétés confondues, alors que 5 000 spectacles différents sont proposés, avec trop peu de spectateurs. Ce sont encore 8 000 ensembles et groupes musicaux, 3 300 compagnies professionnelles de théâtre, de danse ou de cirque.

Nous avons approuvé et encouragé votre projet de budget pour 2005, qui accorde une priorité absolue au spectacle vivant et à la création culturelle, y compris dans l'audiovisuel. Le spectacle vivant d'aujourd'hui doit être rénové et réconforté.

Permettez-moi de faire quelques propositions.

Tout d'abord, il me semble important que le spectacle vivant soit un vecteur d'animation de notre société par le biais de regards, d'écoutes, de sentiments croisés, mais il faut s'affranchir, monsieur le ministre, des trop nombreuses chapelles d'initiés qui caractérisent le milieu culturel français.

A cet égard, permettez-moi de vous donner un exemple. Lorsque j'ai voulu parler d'art contemporain à Dijon, on m'a répondu : c'est réservé à d'autres ! Pourtant, j'ai bien le droit de m'en occuper, d'autant que, lorsque j'étais jeune, j'ai bénéficié des conseils de M. Bernard Dorival, le créateur du musée d'art moderne.

Nous devons également placer la pratique culturelle - je sais que c'est l'une de vos préoccupations, monsieur le ministre - au coeur de la réforme de l'éducation. Ce n'est que jeune que l'on prend les bons réflexes culturels.

Nous voulons aussi que le spectacle vivant irrigue tous nos territoires, nos 4 218 cantons. Nous souhaitons que les Français aient droit à l'égalité des chances culturelles dans les 102 départements et les 22 régions.

Nous désirons en outre que prospèrent, car tout cela découle de ce que je viens de dire, les emplois culturels et que soient confortées les industries, entreprises et associations culturelles qui font vivre notre pays à la télévision, au cinéma, au théâtre, dans les salles de concert, et je n'aurais garde d'oublier de citer l'un de ces lieux.

Enfin, il faut que soit reconnu le rôle éminent des collectivités territoriales au côté de l'Etat.

Les collectivités territoriales, même si elles n'abondent pas le système de l'UNEDIC, sont des acteurs majeurs de l'animation culturelle ; Jean-Claude Gaudin l'a d'ailleurs dit avec beaucoup de talent. Elles sont proches des créateurs et des employés de la culture vivante. Elles sont accessibles aux entreprises et aux associations culturelles.

Il est en effet plus facile d'aller voir le président du conseil général de la Côte-d'Or pour financer le festival international de musique baroque de Beaune que d'obtenir des crédits nationaux. Par parenthèse, j'ai noté que le conseil général des Bouches-du-Rhône offrait 1 500 euros et une médaille. C'est un peu pingre !

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