Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous achevons l’examen en deuxième lecture de ce projet de loi, lequel s’est déroulé dans un bon climat. Je reconnais le mérite des rapporteurs, tant ils ont fait d’auditions et se sont impliqués dans l’examen de tous les amendements au cours des deux lectures.
Néanmoins, fallait-il consacrer autant de temps à ce texte pour obtenir si peu de mesures concrètes en termes de compétitivité, d’innovation et, surtout, de valeur ajoutée pour notre agriculture et nos agriculteurs ?
À la suite de la réunion de la commission des comptes de l’agriculture de la nation le 1er juillet dernier et du document tout récent émanant des chambres d’agriculture et portant le tampon de votre ministère, monsieur le ministre, on observe que le revenu des agriculteurs a baissé de 22, 3 % en 2013 par rapport à 2012. Le présent texte permettra-t-il de modifier cette situation ? Les jugements diffèrent dans cette enceinte : sur le côté droit de l’hémicycle, nous sommes pessimistes, tandis que vous, mes chers collègues siégeant sur le côté gauche, comme M. le ministre, êtes optimistes pour notre agriculture. Pour ma part, je suis beaucoup plus réservé que vous.
Je formulerai maintenant trois constats.
Tout d’abord, la productivité agricole est en hausse. Aujourd'hui, un chef d’exploitation réalise le même volume que trois agriculteurs en 1980. On ne peut donc pas dire que les agriculteurs ne remplissent pas leur mission.
Ensuite, l’agriculture française a dégagé un excédent commercial de 11, 5 milliards d’euros en 2013 ; elle était, ne l’oublions pas, déficitaire dans les années 1975–1980. Alors que bien d’autres secteurs de l’économie française sont peu, voire moins performants sur les marchés mondiaux, l’agriculture remplit sa mission.
Malgré cela, les prix des productions animales sont orientés à la baisse, en particulier en ce qui concerne les porcs et les volailles. Les exploitants dont les revenus sont les plus faibles sont ceux des zones de pâturages, d’élevage extensif situées surtout dans le Massif central, le Limousin, l’Auvergne.
Le revenu des éleveurs laitiers a baissé globalement, en raison, notamment, du coût des intrants.
Les agriculteurs font donc du bon travail, qui s’accompagne pourtant de baisses de revenus. À ce propos, il faut relever que leur endettement est plus élevé, et qu’il s’accroît chaque année. Avec 240 000 euros en moyenne par chef d’exploitation, leur besoin en capital est important.
Les jeunes connaissent des débuts de carrière difficiles, alors qu’un récent sondage indique que 40 % des chefs d’exploitation ne sont pas certains, pour des raisons financières, de pouvoir exercer leur profession jusqu’à la retraite.
Ce projet de loi d’avenir apporte-t-il les remèdes attendus et les outils nécessaires ? La réponse varie selon la travée d’où l’on parle. Selon moi, il ne renforcera malheureusement pas la compétitivité de notre agriculture, il ne développera pas l’innovation et n’améliorera pas la répartition de la valeur ajoutée.