Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, ne boudons pas notre bonheur : ce projet de loi est important ; il est fondateur par son esprit et par les grandes orientations qu’il porte.
Pendant près de soixante ans, nous avons développé une agriculture exclusivement tournée vers l’accroissement des volumes afin d’accompagner les évolutions phénoménales non seulement de la société française, mais également du reste du monde, en termes d’accroissement de population, d’accroissement de la richesse, de consommation de viande, de modification des modes de vie.
Puis, nous avons commencé à prendre conscience que ce modèle de développement agricole ne pourrait survivre indéfiniment en poursuivant dans cette direction.
Nous voulions l’indépendance alimentaire, ce modèle nous a amené l’ultra-dépendance de nos éleveurs au soja importé d’Amérique du Sud. Un million et demi d’hectares sont cultivés là-bas, à seule fin de nourrir nos élevages en Bretagne, qui pourtant dispose de 1, 65 million d’hectares de surface agricole utile ! Impossible, dans ces conditions, de parler de souveraineté alimentaire !
Nous voulions nourrir la planète, et nos exportations subventionnées ruinent les cultures vivrières d’un grand nombre de pays.
Nous voulions améliorer la nutrition et la santé de notre population, et nos modes de production ont une incidence sur la santé des agriculteurs comme des consommateurs, et affectent la biodiversité dans une proportion que l’on commence à peine à entrevoir.
Les écologistes n’ont peut-être pas obtenu, comme nos collègues du RDSE, une « moisson d’amendements », mais nous ne sommes pas productivistes : nous avons le sentiment d’avoir contribué à ensemencer quelque chose qui portera ses fruits à l’avenir, progressivement. Tel est pour nous le sens de ce projet de loi.
Ce texte marque le début d’une nouvelle ère pour notre agriculture, pour les agriculteurs qui nous nourrissent, pour la qualité de notre alimentation et de notre environnement, ainsi que pour notre santé. Il signe le début de la transition vers l’agro-écologie, et les écologistes, qui se réjouissent de voir ces principes bientôt mis en œuvre, le voteront donc !