Pour être crédible au niveau européen, l'ANSM doit être irréprochable mais aussi pragmatique : ainsi, les délais pour traiter les dossiers doivent être respectés. Or, nous ne sommes pas encore assez diligents en la matière. La réputation du professeur Maraninchi a beaucoup contribué à la crédibilité de l'ANSM. Nous allons devoir recruter un pharmacologue de très haut niveau à réputation internationale pour porter la parole de l'Agence en Europe et dans le monde. Nous allons devoir aussi nouer des alliances, notamment avec les Allemands, car il existe déjà un axe anglo-suédois.
J'ai effectivement lu l'article sur les génériques dans Les Echos. Je vous assure que les génériques subissent les mêmes contrôles que les originaux, le princeps est identique même si les excipients sont un peu différents. Et les praticiens peuvent toujours indiquer sur l'ordonnance que le médicament n'est pas substituable... Les génériques sont-ils moins efficaces ? N'oublions pas l'effet placébo, sans doute plus important avec un médicament original. Ce qui me semble important, c'est de ne pas considérer les dossiers comme clos : il faut qu'ils restent ouverts car la science évolue.
L'élargissement de la RTU s'imposait : l'accès aux soins en sera amélioré.
Avant la loi de 2011, l'Afssaps était financée par les taxes. Désormais, l'ANSM est financée par le budget de l'Etat, ce qui est préférable. En outre, l'expertise a été internalisée, si bien que les agents de l'ANSM, s'appuyant sur des expertises externes, étudient les dossiers. En outre, l'Agence dispose de moyens d'intervention pour financer les recherches sur les niches qui n'intéressent pas l'industrie pharmaceutique. Elle peut également inciter l'INCa, l'ANRS ou l'Inserm à conduire des études sur des secteurs qui n'intéressent pas le secteur privé. Ce faisant, nous répondons aux problématiques de santé publique. Les grandes agences publiques ont tout intérêt à coopérer sous l'autorité de l'Etat pour créer une véritable puissance publique. Un recueil d'information commun serait ainsi indispensable.
Certes, il faut protéger les lanceurs d'alerte, mais faisons en sorte de réagir avant leur intervention ! Ayons la capacité d'analyser les signaux faibles et les statistiques. La pharmacovigilance peut encore être améliorée.
C'est en France que la maladie de Creutzfeldt-Jakob, avec la vache folle et l'hormone de croissance, a le plus frappé, ce qui explique notre sensibilité particulière à cette problématique.
Nous avons connu diverses crises vaccinales, notamment celle contre l'hépatite B, d'où une méfiance de certains de nos concitoyens à l'égard des sels d'aluminium. L'ANSM doit préserver la vaccination mais le dossier reste ouvert. Le principe de précaution est un bon principe car il permet d'éviter des actions malheureuses.
Un grand service public du médicament est indispensable. Faut-il, comme dans d'autres pays, limiter le nombre de médicaments ? Nous en consommons 20 à 30 % de plus que les autres pays européens...La question mérite réflexion.