Intervention de Harlem Désir

Réunion du 14 octobre 2014 à 21h30
Débat préalable à la réunion du conseil européen des 23 et 24 octobre 2014

Harlem Désir :

Je tiens avant tout à remercier l’ensemble des orateurs qui se sont exprimés pour la richesse de leurs interventions ; elles ont éclairé dans leurs différentes facettes les enjeux du Conseil européen des 23 et 24 octobre et ont fait valoir l’importance de ce rendez-vous.

Je remercie M. Gattolin pour le travail qu’il mène actuellement afin de sensibiliser la communauté internationale et les dirigeants européens à la situation alarmante de l’Arctique et aux conséquences des bouleversements climatiques dans cette région sur l’élévation du niveau des mers et sur les équilibres climatiques dans le monde, y compris en Europe. Je sais, monsieur le sénateur, que vous vous êtes rendu très récemment sur le terrain.

Dans votre intervention, vous avez souligné le lien très étroit qui unit la politique énergétique et climatique qui sera en discussion au cours du prochain Conseil européen aux enjeux d’indépendance géostratégique pour l’Union européenne. D’autres orateurs ont également insisté sur cette relation. De fait, certains États membres dépendent à 100 % de la Russie pour leurs fournitures de gaz, et plusieurs en dépendent à plus de 50 %, ce qui n’est pas une situation saine.

En réfléchissant aujourd’hui à une nouvelle politique énergétique, nous nous efforçons, tout en respectant les choix des États membres en matière de mix énergétique, de renforcer la solidarité et les interconnections et de réduire notre dépendance aux fournitures extérieures, notamment en développant nos sources propres de production d’énergie, en particulier les sources d’énergie renouvelable, mais aussi en encourageant l’efficacité énergétique, qui est actuellement la principale source d’économies d’énergie.

Telle est la politique que nous menons en France et dont la future loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte est l’instrument. En particulier, nous mettons en place des aides fiscales et des mesures de soutien au secteur économique de l’isolation pour que les ménages, comme les équipements publics, bénéficient d’une meilleure efficacité énergétique.

Cette politique, nous voulons qu’elle soit appliquée à l’échelle de l’ensemble de l’Union européenne. Ainsi, nous lutterons contre le réchauffement climatique en même temps que nous travaillerons à assurer notre indépendance énergétique.

Nous pensons aussi qu’il y a là un nouveau secteur d’innovation technologique, de création d’activités et de leadership industriel qui peut être développé au service de l’emploi en Europe. Car si l’Europe est leader dans les domaines de l’énergie, elle pourra proposer ses technologies à l’échelle internationale et verra ses entreprises prospérer dans la mondialisation. Remarquez que je parle de tous les domaines de l’énergie. De notre point de vue, en effet, il ne faut pas opposer l’excellence de notre savoir-faire dans le domaine du nucléaire, qui réalise une grande part de notre production électrique et assure notre indépendance énergétique, au développement des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique par l’isolation.

Nous voulons que le Conseil européen aboutisse à des objectifs contraignants en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de montée en puissance des énergies renouvelables. Une fois ces objectifs contraignants fixés à l’échelle de l’Union européenne, il faudra déterminer la part de l’effort qui revient à chaque pays, car nous ne partons pas tous du même point. Ainsi, la Pologne produit 90 % de son électricité à partir du charbon : il est évident que sa situation n’est pas la même que celle de la France, où 75 % de l’électricité produite vient du nucléaire.

Dans notre pays, nous voulons que les énergies renouvelables se développent et que la part du nucléaire soit rééquilibrée, sans qu’il s’agisse d’y renoncer. En effet, selon la future loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, le nucléaire continuera de représenter 50 % de notre production d’électricité à l’horizon de 2025. Nous allons donc poursuivre l’entretien de notre technologie et de nos savoir-faire dans ce domaine. En particulier, nous remplacerons progressivement les plus anciennes centrales par de nouveaux EPR comparables à celui qui est en construction à Flamanville.

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