À la suite de cafouillages politiques de dernière minute, le Président Hollande avait arbitré initialement en proposant une région Picardie-Champagne-Ardenne.
À mon sens, c’est un mouton à cinq pattes, car il n’y a vraiment rien de commun entre le département de la Somme, situé au bord de la Manche, et le département de la Haute-Marne, à proximité de Dijon. De même, la Picardie est desservie par l’autoroute A1 et le TGV Nord, alors que la Champagne-Ardenne l’est par l’autoroute A4 et le TGV Est.
La modification apportée par l’Assemblée nationale pour le nord et l’est de la France était donc globalement beaucoup plus pertinente. En effet, elle créait deux régions : l’une réunissant la Picardie et le Nord–Pas-de-Calais, l’autre regroupant l’Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardenne.
Une telle configuration géographique, très compacte, donnerait une bonne cohérence administrative aux territoires situés entre la région parisienne et les frontières. Du point de vue de l’aménagement du territoire et des infrastructures, les complémentarités sont également évidentes : au nord, autoroute A1, TGV Nord et tunnel sous la Manche ; dans l’est, autoroute A4 et autoroute A31, TGV Est ainsi qu’un certain nombre d’autres éléments communs, notamment les problèmes transfrontaliers.
En outre, cette région Est aurait été équilibrée par une organisation autour de plusieurs pôles urbains, tandis qu’au nord la ville de Lille aurait joué le rôle d’une véritable grande métropole.
Si, donc, on fait le choix de créer de grandes régions, je soutiens le plan de découpage voté par l’Assemblée nationale en première lecture.
Toutefois, je pense que la bonne solution n’est précisément pas de créer de grandes régions. Je crois en effet qu’il faut conserver des régions à taille humaine, qui maintiennent une proximité avec les habitants.
Aussi, je persiste à dire qu’il vaudrait beaucoup mieux, par exemple, dans l’est de la France, garder la région Alsace, en fusionnant les départements avec la région, maintenir la région Lorraine, en fusionnant la région avec les départements. De même, si les gens du Nord–Pas-de-Calais le souhaitent, il serait préférable de conserver, pourquoi pas, la région en fusionnant les deux départements.
Il y a là un vrai débat qui n’a pas vraiment eu lieu dans cette enceinte et je crois qu’il faut être beaucoup plus souple que ne l’est cet article 1er : il faut renoncer à la volonté d’imposer arbitrairement la logique des grandes régions.
Voilà, à mon sens, ce qui pourrit tout le débat. La discussion se passe mal parce qu’on est dans cette logique-là, logique qui, je le répète, n’a aucun fondement rationnel, on est dans le fumeux le plus total !
Je pense qu’il vaut mieux avoir de petites régions qui fonctionnent bien, avec une vraie proximité, plutôt que de grands ensembles où ça va tirer à hue et à dia, et qui globalement ne seront pas plus riches. Ils seront plus riches sur le papier, parce que le PIB de deux régions est plus élevé que le PIB d’une seule, mais si vous prenez le PIB par habitant, le regroupement de régions ne changera strictement rien. Ce n’est pas parce que l’on créera de grandes régions qu’il y aura moins de chômage ou que le développement économique sera meilleur.
Je souhaite donc vivement qu’on conserve les régions actuelles partout où on le peut, tout en favorisant la réduction du millefeuille grâce à un rapprochement entre les régions et les départements.