Intervention de Jean-Claude Leroy

Réunion du 4 novembre 2014 à 9h30
Questions orales — Redéploiement de l'hélicoptère de la sécurité civile dragon 62

Photo de Jean-Claude LeroyJean-Claude Leroy :

Madame la secrétaire d’État, je souhaite appeler votre attention sur la question du redéploiement de l’hélicoptère de la sécurité civile Dragon 62.

En effet, cet hélicoptère qui était basé sur le littoral de la Côte d’Opale a quitté le Pas-de-Calais pour être réaffecté en Guyane. Si la dotation au département d’outre-mer d’un hélicoptère de la sécurité civile n’est aucunement remise en cause, le départ du Dragon 62 est cependant surprenant et inquiétant.

La grande utilité de cet hélicoptère, qui intervenait sur l’ensemble du Nord-Pas-de-Calais et même en Picardie, n’est plus à démontrer. Depuis son activation au mois d’avril 2010, Dragon 62 avait effectué un grand nombre de missions de secours, de transports de blessés et de prévention. Il était intervenu sur tous les fronts – accidents de la route, interventions en mer, sur la côte ou à domicile – et avait porté secours à près de 900 personnes. Pour la seule année 2013, il avait ainsi secouru 330 personnes lors de 449 interventions.

Son implantation dans le Pas-de-Calais se justifiait pleinement par l’importance du bassin de population à protéger – plus de 4 millions d’habitants –, par la diversité des risques et par la topographie du département. Les falaises crayeuses situées au niveau du site des Deux Caps, le cordon dunaire important, les baies maritimes de l’Authie et de la Canche, les terrils ou les zones inondables du Béthunois et de l’Audomarois constituent autant de sites à risques et difficilement accessibles par les moyens classiques.

Cet équipement de la sécurité civile permettait en outre de pouvoir médicaliser rapidement des victimes dans des zones relativement éloignées des centres hospitaliers. Grâce à lui, certains secteurs se trouvaient à quelques dizaines de minutes d’un centre hospitalier, ce qui constituait un gain de temps précieux lorsque le pronostic vital est engagé.

Les professionnels de l’urgence et des services de secours s’inquiètent donc fortement de son départ et considèrent que celui-ci constitue une iniquité dans le traitement de la protection de la population régionale.

Alors que la situation sanitaire de la région est l’une des moins bonnes de France, la population se voit privée d’un moyen concourant à l’amélioration manifeste de sa protection au quotidien grâce, notamment, à la présence de médecins, d’infirmiers ou d’équipes spécialisées à bord.

L’implantation de l’hélicoptère de la sécurité civile sur le territoire correspondait à un réel besoin et son départ signifie donc l’arrêt d’une activité médicale en constante augmentation et représente même une perte de chance de survie pour la population de la moitié ouest du département.

Si je prends l’exemple du canton d’Hucqueliers, canton rural situé sur l’arrière-pays littoral au cœur du département du Pas-de-Calais, il est établi, rapports du service départemental d’incendie et de secours à l’appui, que les interventions du centre d’intervention et de secours auraient pu être plus efficaces voire vitales dans certains cas si l’hélicoptère de la sécurité civile avait été maintenu.

Certes, d’autres moyens de secours héliportés interviennent dans la région.

Mais, dans certains cas, les appareils du SAMU, pour des motifs de disponibilité d’appareils, ou de la gendarmerie, en raison des réquisitions, risquent d’avoir des délais d’intervention trop importants. Celui de la Marine nationale ne dispose pas d’une équipe médicale qui lui est dédiée, comme c’était le cas pour le Dragon 62.

Les différents acteurs concernés ont d’ailleurs constaté ces derniers mois une baisse de la qualité des prestations de secours par rapport à celle qui était apportée par le Dragon 62, notamment pour les missions en milieu difficile ou hostile.

Par ailleurs, à l’heure où le ministère de la santé annonce la mise en place de quarante-trois hélicoptères privés exclusivement dédiés aux transports sanitaires dans le cadre de la politique nationale Héli-SMUR, la suppression d’un hélicoptère assurant une polyvalence de missions de secours d’urgence est difficilement compréhensible.

Madame la secrétaire d’État, au vu de ces éléments, le Gouvernement entend-il réaffecter un hélicoptère de la sécurité civile dans le Pas-de-Calais ? En outre, pouvez-vous nous donner des indications sur les moyens que le Gouvernement compte mettre en œuvre afin de continuer à offrir aux habitants de cette région la qualité des services de secours à laquelle ils ont droit ?

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