Monsieur le président, je vous remercie pour ces mots d’hommage à Guy Fischer, qui était, c’est vrai, un homme plein d’humanité et un sénateur digne de la République.
Madame la ministre, je me permets d’appeler votre attention sur la situation de l’hébergement d’urgence des familles en général et sur les résultats de l’enquête sur les enfants et familles sans logement en Île-de-France, menée par l’Observatoire du SAMU social de Paris, en particulier.
Cette étude relève que la situation des familles logées à l’hôtel est catastrophique. L’enquête démontre que, si l’hébergement à l’hôtel, comme solution transitoire, peut avoir un sens pour compenser la saturation des dispositifs d’accueil de migrants et l’insuffisance de structures adaptées dans le dispositif d’urgence et de réinsertion, il est totalement inadapté sur le long terme.
Or de très nombreuses familles orientées vers de tels hébergements s’y installent trop souvent pour de longues périodes, voire pour de longues années.
Pour les familles hébergées à l’hôtel depuis plus de cinq ans – c’est le cas de 545 familles hébergées aujourd’hui par le SAMU social de Paris –, il est tout à fait urgent de trouver des solutions offrant des conditions de vie dignes et compatibles avec l’épanouissement des enfants. Naturellement, il convient aussi de trouver des solutions plus globales pour l’ensemble des familles concernées.
Plus de 28 000 personnes vivant en famille, dont la moitié avec des enfants, sont aujourd’hui hébergées au long cours à l’hôtel en Île-de-France, via le seul SAMU social de Paris.
En pratique, la quasi-totalité des familles sans domicile sont hébergées à l’hôtel, une solution inadaptée et nocive. C’est aussi très problématique pour les crédits de l’État, lesquels, vous le savez, subventionnent sans contrepartie et de manière très onéreuse le secteur privé de l’hôtellerie. En effet, 15 % de l’offre totale hôtelière francilienne, toutes catégories d’étoiles confondues, est utilisée par l’État pour héberger les familles, ce qui représente un montant de dépenses publiques hôtelières supérieur à l’aide à la pierre en Île-de-France.
De plus, cette situation, contraire à l’intérêt général, est en train de gagner du terrain, du fait de l’absence de solution pérenne ; l’hébergement hôtelier des familles se développe en effet dans l’ensemble de la France, y compris dans des zones non tendues.
Les auteurs de l’enquête proposent donc à l’État un plan d’actions concret, en vue de remédier à cette situation catastrophique pour les personnes concernées et coûteuse pour les finances publiques. Je pense notamment au développement des alternatives à l’hôtel, à la création d’une hôtellerie sociale professionnelle, à des solutions pouvant fédérer les associations et les collectivités territoriales, à l’humanisation des hôtels, à la moralisation du secteur hôtelier et à l’accélération des sorties d’hôtel en particulier pour les cas les plus urgents, comme les 545 familles que j’ai évoquées et qui sont hébergées depuis plus de cinq ans sous la responsabilité du SAMU social.
Quelles suites comptez-vous donner à ces propositions, madame la ministre, et quel dialogue comptez-vous engager avec les auteurs de l’enquête, afin d’élaborer des solutions concrètes et rapides pour ces situations d’urgence ?