Intervention de Nicolas Grivel

Commission des affaires économiques — Réunion du 5 novembre 2014 : 1ère réunion
Audition de M. Nicolas Grivel candidat proposé aux fonctions de directeur général de l'agence nationale pour la rénovation urbaine anru

Nicolas Grivel :

Merci de me recevoir. Je suis ravi et honoré d'avoir été proposé par le Président de la République au poste de directeur général de l'Anru. Cette procédure de nomination est vertueuse, qui permet un utile échange de vue avec la représentation nationale sur le rôle de l'agence.

L'Anru est à un moment charnière : le premier programme national de rénovation urbaine est en voie d'achèvement ; un deuxième a été lancé par la loi de février 2014. Deux mots clés résument ma vision stratégique de l'agence : modestie d'une part, car l'Anru ne règlera pas à elle seule tous les problèmes des territoires, dont les causes sont multifactorielles ; ambition d'autre part, car l'Anru porte un projet fédérateur, facteur de cohésion sociale et produisant des changements concrets et tangibles dans la vie de nos concitoyens.

L'Anru est désormais un acteur reconnu, bien identifié, dont les résultats sont salués par tous. Ils ont été permis par la concomitance d'un consensus et d'une volonté politique. La création de l'agence en 2004 par Jean-Louis Borloo a concrétisé un changement de méthode, d'échelle et d'ambition pour la politique de la ville. Deuxième élément de confiance : les engagements de l'Anru ont toujours été tenus, grâce à des financements conséquents, surtout ceux du réseau Action logement, anciennement appelé 1 % logement. Les dépenses de l'agence sont désormais considérables : 1 milliard d'euros sont décaissés chaque année dans le cadre du PNRU. L'Anru bénéficie en outre d'une ferme impulsion nationale conjuguée à une forte implication locale, notamment de la part des maires, dans la conduite des projets territoriaux. Enfin, elle s'appuie sur des équipes de grande qualité. Je veux rendre hommage au travail de ses deux premiers directeurs généraux, Philippe Van de Maele et Pierre Sallenave, et à l'ensemble de leurs collaborateurs.

Le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) est lancé dans un contexte en apparence plus heureux que le premier : l'agence est en place, elle dispose de savoir-faire, de compétences, à Paris comme au niveau local. Cependant, il lui faut maintenir le rythme de ses actions, éviter leur essoufflement, dans un contexte de raréfaction des moyens - ceux de l'Anru, mais aussi ceux des collectivités territoriales et des bailleurs sociaux.

Les marges de progression sont connues, et font l'objet d'un certain consensus. La loi de février 2014 est fondée sur la conviction qu'on ne peut se limiter à la rénovation du bâti. D'abord, l'échelle territoriale la plus pertinente est celle des intercommunalités, en matière de mixité sociale comme de mixité fonctionnelle ; ensuite, les projets doivent être globaux, c'est-à-dire traiter de rénovation urbaine autant que de transport, d'aménagement, que de développement économique et social ; enfin, il faut renforcer l'association et la participation des citoyens aux opérations de rénovation.

Le nouveau programme est conçu sur de telles bases. Son financement est assuré, en partenariat avec les partenaires sociaux, à hauteur de 5 milliards d'euros. Deux types d'interventions sont prévues : des projets d'intérêt national d'une part, qui concernent 200 quartiers en métropole et dans les outre-mer, dont la liste définitive sera arrêtée par l'Anru dans les semaines à venir ; des projets d'intérêt régional d'autre part, de moindre ampleur financière, définis régionalement par les préfets et les élus et contractualisés dans le cadre des contrats de plan État-régions. Ce second programme démarrera en 2015, et sera déployé jusqu'en 2030. Les décaissements effectués au titre du premier programme étant échelonnés jusqu'en 2021, les deux programmes se croiseront.

Le positionnement de l'Anru devra obéir à un certain nombre de priorités. D'abord, il lui faudra confirmer son ancrage territorial et s'adapter à la diversité des territoires. Les territoires urbains ne sont pas les territoires ruraux ; les zones urbaines à habitat dense ne sont pas comparables aux territoires à habitat diffus. Ensuite, elle devra trouver une forme de complémentarité avec les autres acteurs de la politique de la ville. Cela suppose des partenariats renforcés avec le Commissariat général à l'égalité des territoires, avec l'Agence nationale de l'habitat (Anah) - une convention Anah-Anru est d'ailleurs en cours de préparation, pour mieux lutter contre les copropriétés dégradées par exemple - ou encore, dans la sphère financière, avec la Caisse des dépôts et consignations.

L'Anru devra en outre promouvoir la transition énergétique, l'éco-construction, bref être exemplaire en matière de ville durable. C'est aussi une façon de redonner du pouvoir d'achat aux habitants. Enfin, il faudra renforcer l'évaluation régulière de nos dispositifs, par la Cour des comptes comme par le Parlement ; je serais attentif à poser les bases d'une évaluation complète des premier et deuxième programmes de rénovation urbaine.

Un mot de conclusion sur mon parcours, que le président Lenoir a eu la gentillesse de brosser. Je suis lorrain ; ma carrière témoigne de ma connaissance des enjeux sociaux et territoriaux de la politique de la ville et de ma capacité à tisser des liens entre tous les acteurs. J'ai l'habitude de travailler avec les collectivités territoriales, les élus nationaux et locaux. Je connais également bien les rouages de l'État, comme les partenaires sociaux. J'appréhende les fonctions de directeur général de l'Anru avec beaucoup d'enthousiasme, car elles sont enthousiasmantes, quoique complexes et exigeantes.

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