Nous avons été sollicités, mes chers collègues, comme vous l’avez sans doute vous-mêmes été, sur la question du mercure dentaire.
Le mercure, métal lourd, est l’un des éléments non radioactifs les plus toxiques pour les êtres vivants. Preuve du caractère extrêmement préoccupant de cette pollution, la convention de Minamata sur le mercure, signée au mois d’octobre dernier, est à ce jour la seule réglementation internationale concernant une substance particulière.
Cette convention, qui vise à réduire la production, l’utilisation et le rejet dans l’environnement du mercure, invite en particulier à diminuer fortement l’usage de ce produit dans le cadre des soins dentaires.
Les amalgames dentaires, qui servent à obturer des cavités creusées dans les dents, sont en effet composés pour moitié de mercure, ce qui pose deux problèmes.
D’une part, le mercure présent de longues années dans la bouche du patient a tendance à migrer dans le corps, notamment dans le cerveau. D’autre part, il finit le plus souvent par se retrouver dans l’environnement, l’air, l’eau, ou encore l’alimentation sous diverses formes.
Il existe pourtant de nombreux produits de substitution : des résines, des céramiques, des ciments verres ionomères. La plupart des pays européens ont interdit le mercure dentaire, telle la Suède, ou ne l’utilisent presque plus, comme l’Allemagne ou l’Italie. En France, en revanche, la consommation reste extrêmement élevée, puisqu’elle représente aujourd'hui le tiers de la consommation européenne.
Plusieurs explications peuvent être avancées. Tout d’abord, souvent, les dentistes n’ont pas été formés à utiliser les produits de substitution. En la matière, il convient certainement de faire des efforts. Ensuite, l’utilisation d’amalgame, qui demande pour le praticien moins de travail que d’autres produits, est donc objectivement plus économique, alors même que le remboursement de la sécurité sociale est le même, quelle que soit la technique employée.