Intervention de Jean-Jacques Lasserre

Réunion du 18 novembre 2014 à 14h30
Débat sur le thème « ruralité et hyper-ruralité : restaurer l'égalité républicaine »

Photo de Jean-Jacques LasserreJean-Jacques Lasserre :

Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, nous débattons aujourd’hui d’un thème qui peut sembler récurrent, mais qui est, plus que jamais, au cœur de l’actualité et de nos préoccupations.

Je remercie à mon tour nos collègues du RDSE de l’inscription à l’ordre du jour de ce débat nécessaire sur le devenir de nos territoires. Je salue en particulier le travail d’Alain Bertrand, auteur du rapport intitulé « Pour le développement et la mise en capacité des territoires hyper-ruraux », remis à Mme la ministre l’été dernier et dans lequel est défini le concept d’hyper-ruralité.

Ce travail, qui s’inscrit dans une démarche de réflexion plus générale sur la ruralité, me semble nécessaire, et ce pour plusieurs raisons.

Il est nécessaire, tout d'abord, au regard de l’évolution très préoccupante de l’hyper-ruralité : désertification, déprise des territoires, abandon des services publics. Cette évolution, dramatique dans certaines régions, décourage l’installation de jeunes couples et conduit à des situations de non-retour. Je me permets d’insister sur cette notion de non-retour, qui doit toujours être présente dans nos esprits.

Il est nécessaire, ensuite, au moment où se discute l’organisation territoriale de notre pays. Je reviendrai sur ce point, en regrettant que le rapport ne fasse aucune référence, ce qui me paraît extrêmement fâcheux, au débat engagé sur la réforme territoriale.

Il doit, enfin, permettre d’affranchir l’hyper-ruralité d’une tenace image passéiste, voire « ringarde », marquée par l’absence d’avenir.

Le moment est venu d’insister sur le rôle de l’hyper-ruralité dans notre société. Je ne pense pas que nous fonderons l’avenir de l’hyper-ruralité sur des solidarités empreintes de nostalgie, des reproductions à l’identique d’un passé révolu ou des obligations citoyennes non approuvées.

Il s’agit donc de faire entrer l’hyper-ruralité dans le monde contemporain d’une façon pragmatique, réaliste, mais aussi imaginative et dynamique. Il faut mettre en lumière la contribution de l’hyper-ruralité à notre société.

Nous en voyons déjà poindre quelques aspects fondamentaux.

La première contribution de l’hyper-ruralité est, de mon point de vue, de nature environnementale. Je me permets de mettre en parallèle les débats récents sur le prélèvement d’espaces utiles à la biodiversité – j’évoquerai le barrage de Sivens, par exemple – et l’importance des immenses espaces concernés par l’hyper-ruralité. Les équilibres environnementaux subtils, façonnés par des siècles de vie rurale, entre la nature, l’homme et ses activités, sont d’une richesse sans commune mesure avec quelques événements récents très médiatisés qui, eux, défrayent la chronique. Je considère que la contribution environnementale de l’hyper-ruralité doit être reconnue par la collectivité nationale.

L’hyper-ruralité apporte ensuite une contribution économique. Ces dernières années, grâce à l’action exceptionnelle de nombreux acteurs locaux, des productions agricoles de qualité se sont développées, à un moment où se pose justement la question de la qualité des produits alimentaires. L’hyper-ruralité, c’est dans beaucoup de cas le dernier rempart protégeant de nombreuses productions de qualité.

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