La commission des affaires culturelles dans son ensemble, c'est-à-dire toutes tendances politiques confondues, a voté contre – et c’est symbolique – l’amendement de M. le rapporteur général.
Le Gouvernement l’a dit, les prélèvements sur le CNC ces dernières années se sont élevés à 300 millions d’euros. On ne peut donc pas dire que le Centre n’a pas participé à l’effort de rétablissement des comptes publics.
Cette année, une baisse de 60 ou 70 millions d’euros de ses recettes était attendue. Il y a donc deux solutions : soit on augmente la taxe pour que le CNC récupère 70 millions d’euros, soit on exige du Centre un nouvel effort à hauteur de 70 millions d’euros cette année. Dans ce cas, la taxe ne serait pas augmentée, le CNC aurait 60 millions d’euros ou 70 millions d’euros de moins, mais, en contrepartie, aucun prélèvement ne serait effectué dans son fonds de roulement.
Tel doit être le raisonnement, mais vous en faites fi, monsieur le rapporteur général. On parle de double peine, car ce que vous proposez revient à faire perdre deux fois 60 millions d’euros au CNC. En effet, si vous regardez la trajectoire budgétaire, il est prévu que la taxe rapporte 70 millions d’euros de plus en 2015. Or tel ne sera pas le cas.
Par ailleurs, et là je m’adresse à l’ensemble des membres de notre assemblée, afin que chacun comprenne bien le mode de financement du CNC, car nous avons ce débat chaque année, le fonds de réserve du CNC n’est pas un fonds d’épargne. Si nous décidions aujourd'hui de voter l’amendement de M. le rapporteur général, le CNC ne pourrait pas tenir ses engagements concernant des films qui sont en train d’être réalisés !
Le CNC aide la création en cours. Il est donc tout le temps dynamique. Des films sortent en permanence. Son catalogue permet de faire rayonner le cinéma français et de proposer des films susceptibles de plaire à des publics très différents. C’est pour cela que le cinéma français tient la route par rapport au cinéma américain. C’est pour cela que les autres cinémas européens, qu’il s’agisse du cinéma italien ou du cinéma espagnol, qui ont été flamboyants au cours des dernières décennies, périclitent : ils n’ont pas ce système vertueux.
On ne demande pas une faveur ! On demande un minimum d’engagements, afin que le CNC puisse tenir les siens, afin que la filière tienne, pour éviter les phénomènes de basculement que l’on connaît. La concurrence est rude dans ce secteur. Ses acteurs marchent sur un fil, et s’ils font un pas de côté, ils basculent et ne se relèvent pas.
Le cinéma italien se reconstruit tout doucement, mais il a perdu vingt ans après avoir basculé. Se redressera-t-il vraiment ? Je n’en sais rien, mais il en prend le chemin, car les Italiens ont du talent. En tout cas, chez nous, nous avons un système qui fonctionne. Je demande donc à M. le rapporteur général de ne pas céder à la facilité concernant le fonds de réserve. Du reste, il y a fonds de réserve et fonds de réserve…
Je rappelle que 100 % des salles de cinéma en France sont numérisées. Une révolution technologique a eu lieu, grâce à laquelle il n’est plus nécessaire de se promener avec des bobines. Si les salles n’étaient pas numérisées, nous serions handicapés !
C’est grâce au fonds de roulement, ou au fonds de réserve, du CNC, grâce au plan qu’il a pu mettre en œuvre, que toutes les salles de France sont numérisées. Tel n’est pas le cas en Espagne et en Italie, où certains films ne peuvent pas être diffusés, car ils n’existent qu’en version numérique.
Telles sont les observations que je souhaitais formuler. Je pense que M. le rapporteur général ne devrait pas continuer à défendre cet amendement, compte tenu du consensus qui s’est dégagé contre sa proposition au sein de la commission des affaires culturelles.