Intervention de Michelle Meunier

Réunion du 27 novembre 2014 à 9h30
Financement de la sécurité sociale pour 2015 — Discussion d'un projet de loi en nouvelle lecture

Photo de Michelle MeunierMichelle Meunier :

Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, monsieur le président de la commission des affaires sociales, monsieur le rapporteur général, mes chers collègues, Yves Daudigny a rappelé tout à l’heure, au début de la discussion générale, les grands équilibres de ce PLFSS et la position de notre groupe. Je souscris bien entendu à son intervention.

J’aimerais insister, pour ma part, sur un des éléments emblématiques de ce texte, un élément qui montre bien la volonté du Gouvernement à la fois de redresser les comptes sociaux, de ramener la branche famille à l’équilibre, tout en ajustant notre politique familiale pour la rendre plus forte, plus juste et plus efficace.

Cette mesure de justice sociale contenue à l’article 61 A a été rétablie par nos collègues de l’Assemblée nationale. Et ils ont bien fait !

Ils ont bien fait, parce qu’elle permet de réaliser 800 millions d’euros d’économies en « année pleine » et qu’elle permet aussi d’abandonner le projet initial de modulation de la prime à la naissance ou à l’adoption selon le rang de l’enfant.

Ils ont bien fait, car c’est une mesure de justice qui touchera 12 % des familles – celles qui ont des revenus de 6 000 euros et plus – là où un Français sur deux à des revenus inférieurs à 1 700 euros par mois.

C’est une mesure de justice qui ne remet pas en cause le principe d’universalité. Toutes les familles ayant au moins deux enfants continueront de percevoir des allocations familiales.

Toutefois, respecter le principe d’universalité n’interdit pas de moduler les montants en fonction des revenus et de la situation réelle des familles ! C’est d’ailleurs le cas de plusieurs prestations familiales créées depuis une trentaine d’années et versées sous conditions de ressources ou modulées en fonction des revenus.

Cet article ne prévoit donc pas de révolution dans la politique familiale française. Il est mesuré, responsable et nécessaire.

J’insisterai à présent sur deux amendements défendus par notre commission des affaires sociales.

Le premier de ces amendements vise à rétablir l’article 61 AA. Introduit par notre assemblée en première lecture, cet article prévoit la remise au Parlement d’un rapport relatif au partage du congé parental.

Lors des travaux menés dans le sillage du présent PLFSS, le Gouvernement a annoncé un rééquilibrage du partage du congé parental.

Le mécanisme avancé est simple : au titre du premier enfant, la durée du congé sera de six mois pour chaque parent puis, au titre des enfants suivants, de deux ans pour l’un et d’un an pour l’autre. C’est là une bonne mesure, encourageant un partage plus équitable des responsabilités parentales en incitant les pères à réduire ou à interrompre leur activité professionnelle pour s’occuper de leur enfant. Parallèlement, il s’agit d’améliorer le retour à l’emploi des mères qui souhaitent reprendre leur travail et, ce faisant, de progresser vers l’égalité salariale et professionnelle entre les femmes et les hommes.

Ce dispositif – faut-il le rappeler ? – est assorti d’un plan portant création de 275 000 places d’accueil supplémentaires pour les enfants, à savoir 100 000 places dans les crèches, 100 000 autres auprès des assistantes maternelles et 75 000 places à l’école maternelle, pour les élèves de moins de trois ans.

Ces mesures ont du sens, elles sont sérieuses ; elles répondent aux besoins qu’éprouvent les familles dans le contexte actuel.

À mon sens, la remise d’un tel rapport n’est pas nécessaire à ce stade. Disons-le : même si ce but n’est pas franchement assumé, il s’agit de remettre en cause le sens même du dispositif de partage du congé parental, ce qui ne me semble pas pertinent.

Cela étant, on pourrait proposer que le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes se saisisse de ce sujet, pour étudier l’impact concret du partage des responsabilités parentales sur les situations professionnelles et, partant, sur l’égalité entre les femmes et les hommes.

Le second amendement vise à recréer l’article 61 B, en vue de ne maintenir que très partiellement le versement des allocations familiales aux familles dont un enfant est confié à un service de l’aide sociale à l’enfance.

La loi de 2007 réformant la protection de l’enfance pose déjà le principe du versement d’une part des allocations familiales au service de l’aide sociale à l’enfance pour les enfants placés. En pareil cas, l’administration assume en effet « la charge effective et permanente de l’enfant » au sens de l’article L. 521–2 du code de la sécurité sociale.

Pourquoi vouloir contraindre le juge aux affaires familiales dans sa faculté à décider, au cas par cas, selon la situation de la famille et l’intérêt de l’enfant, du maintien du versement de ces allocations à la famille ? Je ne vois pas l’intérêt d’une telle mesure.

Mes chers collègues, vous l’aurez compris : sur ces trois sujets, je vous invite à privilégier la rédaction issue des travaux de l’Assemblée nationale et à rejeter les amendements déposés au titre de cette nouvelle lecture.

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