Aujourd’hui, mes chers collègues, nous n’avons fait que revivre en accéléré nos débats de première lecture !
Lors de la discussion générale, j’ai annoncé que le groupe écologiste voulait s’abstenir sur ce texte. Il considérait alors que le projet de loi de financement de la sécurité sociale contenait quelques avancées, même si sa philosophie générale ne lui convenait pas : à notre sens, la baisse des recettes se traduira inévitablement – tout le monde, je le sais, ne partage pas cet avis – par une baisse des prestations sociales.
Ce matin, donc, nous nous orientions vers l’abstention. Depuis lors, l’amendement tendant à porter l’âge légal de départ à la retraite à soixante-quatre ans et l’âge du taux plein à soixante-neuf ans a été adopté. Il faut être en bonne santé, avec vous ! Ce genre de disposition explique d’ailleurs pourquoi on rentre ensuite dans des logiques telles que le compte pénibilité, compte lui-même dénoncé comme étant difficile à mettre en place.
Il serait tout de même plus simple d’abaisser l’âge de départ à la retraite, et d’en faire ainsi bénéficier tout le monde, quitte à ce que certains actifs y renoncent et continuent à travailler. Il faut leur laisser ce droit, après tout !
Il n’est pas dans la philosophie des écologistes de considérer qu’il faut travailler plus longtemps. Il n’est pas certain, d’ailleurs, que cela soit possible : le problème du chômage, en particulier des seniors, n’est pas résolu. Si les gens doivent travailler plus longtemps, les entreprises, selon vous, embaucheront plus facilement les seniors. Rien n’est moins vrai, mes chers collègues ! En réalité, on ne travaillera pas davantage : les anciens étant obligés de travailler plus, les jeunes ne trouveront pas de boulot, pas plus d’ailleurs que les chômeurs seniors. Cette disposition, donc, ne résout en rien le problème du chômage.
Dès lors, les économies ne peuvent être réalisées que de deux façons.
Le salarié peut d’abord opter pour une rupture conventionnelle, s’estimant trop fatigué pour continuer à travailler. J’ai évolué dans le secteur de l’animation socioculturelle. De nombreux collègues de cette époque me confient ne plus pouvoir, à soixante ans, animer des centres de jeunes et d’adolescents. Ce sont autant de ruptures conventionnelles qui viennent aggraver le déficit de l’assurance chômage.
Il peut aussi arriver que le salarié, puisqu’il doit travailler plus longtemps, n’ait pas tous ses trimestres. Une fois qu’il fait valoir ses droits, il subit alors une baisse du niveau de ses prestations.
Quoi que vous en disiez, chers collègues de la majorité, l’économie réalisée par cette disposition s’opère soit par un report du déficit sur l’assurance chômage, soit par une baisse des prestations.
La philosophie des écologistes en la matière repose sur un partage du travail à l’échelle d’une vie. Dans cette optique, le report de l’âge de départ à la retraite à soixante-quatre ans est une très mauvaise solution. Nous avions d’ailleurs eu ce débat lors de l’examen du projet de loi réformant le système de retraites.
Cet amendement, à lui tout seul, est donc lourd de conséquences ; alors que ce matin nous penchions pour l’abstention, il nous oblige ce soir à nous prononcer contre le présent projet de loi de financement de la sécurité sociale, tel que modifié par la majorité sénatoriale.