Intervention de Jean-Claude Requier

Réunion du 26 novembre 2014 à 9h30
Loi de finances pour 2015 — Article 30 et participation de la france au budget de l'union européenne

Photo de Jean-Claude RequierJean-Claude Requier :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, à la même époque l’année dernière s’achevaient les longues et intenses tractations sur la programmation du budget européen pour les exercices 2014 à 2020. Ce feuilleton a donné à la vue des citoyens européens ce que l’Europe peut offrir de pire, à savoir des marchandages permanents entre les États membres – souvent obnubilés par leurs égoïsmes nationaux – et les institutions communautaires, la Commission et le Parlement.

Ces procédures, qui échappent à la compréhension des non-initiés – nous en sommes convaincus –, sont de nature à alimenter l’euroscepticisme, tant elles sont contre-productives et éloignent les citoyens de l’idée européenne.

À la conclusion de cette séquence, le compromis péniblement trouvé évita le pire, à savoir une forte réduction de ce cadre financier pluriannuel. Néanmoins, nous constatons que ce nouveau cycle est caractérisé par son manque d’ambition. Il représente 960 milliards d’euros en crédits d’engagement et 908, 4 milliards d’euros en crédits de paiement, soit une baisse de plus de 3 % par rapport à la période 2007-2013.

Dans son rapport spécial, notre collègue François Marc rend bien compte des défauts du mode de financement de l’Union européenne. Les rabais accordés à certains pays, tels « le chèque britannique », qui est le plus connu, les rabais sur le rabais, les taux d’appels TVA allégés pour les États fortement contributeurs, … tous ces correctifs sont venus « miter » et très largement complexifier le régime de financement de l’Union européenne, le rendant totalement illisible aux non-spécialistes, et plus encore aux citoyens.

Ces mesures dérogatoires aboutissent au fait que – et monsieur le rapporteur spécial, vous l’avez rappelé –, aujourd’hui, seules la France et l’Italie ne bénéficient pas d’un rabais spécifique. C’est une vraie Europe de marchands de tapis, loin de l’Europe des pères fondateurs et des signataires du traité de Rome.

Si l’on se fie aux termes du cadre pluriannuel, une réforme ne devrait pas intervenir avant 2020. Nous notons qu’un groupe de travail « de haut niveau », présidé par Mario Monti, le gouverneur de la Banque centrale européenne, la BCE, a été mis en place au début de 2014. Il est chargé de réfléchir au financement futur de l’Union européenne. Mais permettez-moi de vous faire part de mon scepticisme quant au résultat à attendre de ce chantier, bien qu’un consensus se dégage pour reconnaître que le système actuel est à bout de souffle.

Aujourd’hui, il nous revient non pas d’examiner ce prélèvement, mais de le confirmer.

Du fait d’un mode de calcul que je ne fais qu’évoquer, le budget pour 2015 a, lui aussi, fait l’objet d’intenses passes d’armes entre institutions : Commission, Conseil et Parlement européen. À ce jour, il n’est pas encore totalement arrêté.

À l’article 30 figure donc le montant du prélèvement, évalué à 21, 04 milliards d’euros, en légère augmentation. Le verbe « évaluer » est donc choisi à dessein. En effet, ces dernières années, le prélèvement voté est largement dépassé lors de l’exécution.

De plus, la part du prélèvement sur recettes, qui atteint près de 75 % du budget, ne cesse d’augmenter. On peut donc difficilement parler d’un financement communautaire autonome.

Cet automne, les échanges entre le Gouvernement français et la Commission européenne, dans le cadre du « two-pack » et de la supervision communautaire des budgets européens ont abouti à l’annonce, par le Gouvernement, de 3, 6 milliards d’euros d’économies.

Parmi les rectificatifs, figure un ajustement du prélèvement sur recettes en direction de l’Union européenne. Selon les dernières estimations, cette actualisation devrait permettre de dégager 600 millions d’euros d’économies supplémentaires. Cette baisse étant calculée en fonction du poids du revenu national brut de la France par rapport à l’ensemble des pays contributeurs, elle anticipe une croissance moindre dans notre pays que dans le reste de l’Union. Elle s’explique également par une modification des règles définissant le revenu national brut de chaque État membre.

Si la contribution de notre pays a ainsi pu baisser, pour d’autres, elle a augmenté. C’est notamment le cas du Royaume-Uni, qui a, un temps, refusé de payer cette « rallonge », avant d’en obtenir le règlement après les élections générales qui se tiendront en mai 2015. L’Europe de marchands de tapis, toujours…

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