Intervention de Jacques Mézard

Réunion du 26 novembre 2014 à 14h30
Loi de finances pour 2015 — Vote sur l'ensemble de la première partie du projet de loi

Photo de Jacques MézardJacques Mézard :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, je veux tout d’abord dire que notre groupe unanime se réjouit que le Sénat puisse examiner la seconde partie de ce projet de loi de finances pour 2015. Nous nous félicitons également que les débats se soient déroulés dans un esprit constructif. Il est bon que nos concitoyens puissent constater que nous savons travailler ensemble dans la sérénité, sans que quiconque renonce à ses positions fondamentales.

Ce projet de loi de finances, sur lequel une grande majorité de notre groupe apportera son soutien au Gouvernement, s’inscrit dans la même triple perspective que la loi de finances rectificative que nous avons adoptée l’été dernier : améliorer la compétitivité des entreprises – j’ai eu le sentiment qu’une très large majorité de notre assemblée était consciente de cette nécessité –, soutenir la consommation et maîtriser les comptes publics. S’y ajoute l’impératif, auquel nous souscrivons, que les réformes se fassent sans augmentation de la pression fiscale, ce qui représente une véritable difficulté.

Ce projet de loi de finances est le premier qu’examine la nouvelle majorité sénatoriale. Monsieur le rapporteur général, pendant l’examen de cette partie consacrée aux ressources, nous avons beaucoup entendu vos critiques des orientations privilégiées par le Gouvernement, mais il est exact que, comme l’a rappelé M. le secrétaire d’État, les votes de la majorité sénatoriale n’ont pas amené de fracture fondamentale dans les grands équilibres.

Un certain nombre de constats sont assez largement partagés : en particulier, la situation financière de la France est difficile, comme celle de nombre de pays voisins, et la question des déficits ne peut pas être éludée. Personne n’a de leçons à donner sur ce point. Je rappellerai courtoisement à nos collègues de la majorité sénatoriale que les chiffres du déficit budgétaire, entre 2007 et 2012, n’étaient pas exemplaires ; il faut aussi s’en souvenir. Quant à nous, nous n’avons pas toujours été parfaits non plus.

Dans ce contexte, il faut trouver les solutions les plus raisonnables possible. On peut tout critiquer, mais il n’en reste pas moins que l’adoption d’un budget exige de prendre une décision finale sur les grands arbitrages.

Au cours de ce débat, nous nous sommes rejoints ponctuellement, monsieur le rapporteur général, sur certaines propositions en faveur des chambres d’agriculture, par exemple.

À l’article 2, en revanche, vous avez relevé le plafond du quotient familial pour le calcul de l’impôt sur le revenu, revenant sur des mesures adoptées au début du quinquennat. Nous avons exprimé notre opposition à cette disposition, tout comme au projet du Gouvernement de supprimer la tranche d’imposition à 5, 5 % : nous sommes les héritiers de ceux qui ont créé l’impôt sur le revenu, et c’est pour nous une question de principe sur laquelle nous n’entendons pas transiger.

Nous regrettons que les propositions de modification de l’article 2 défendues par notre groupe n’aient pas été adoptées, alors qu’elles l’avaient été l’an passé. Je pense notamment à celle tendant à la défiscalisation des heures supplémentaires. Nous restons fidèles à nos idées et à notre revendication d’une refonte totale et ambitieuse de l’imposition des ménages. Cette réforme est évidemment nécessaire et nous savons bien qu’elle ne peut se faire qu’au début d’un quinquennat – ou, je l’espère pour l’avenir, d’un septennat non renouvelable ! Il n’en reste pas moins qu’il est indispensable d’avancer sur ce sujet, parce que l’injustice du système actuel est évidente. Nous avons besoin de clarté pour renouer avec le consentement à l’impôt, fondement de notre démocratie.

En ce qui concerne la relance du secteur de la construction, qui a également été au cœur des débats, une inflexion était plus que nécessaire, car le nombre de mises en chantier diminue de manière considérable depuis des années. Nous regrettons la suppression par notre assemblée de l’article 6, relatif à l’exonération de droits de mutation à titre gratuit.

La question des finances locales est de plus en plus prégnante. Nous avons évoqué le rapport rédigé sur ce thème au nom de la délégation aux collectivités locales et à la décentralisation. Il est évident qu’il faut faire des économies, mais le choc imposé à nos collectivités est trop brutal. Cela a été dit pratiquement sur toutes les travées, et il faut l’entendre, monsieur le secrétaire d’État. En effet, notre objectif est non pas de faire obstacle à la politique du Gouvernement, mais de lui faire comprendre que la plupart des collectivités territoriales ne pourront pas supporter la brutalité du choc qu’il leur impose.

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