Madame la présidente, monsieur le ministre, avant de commencer mon intervention, je souhaite saluer la mémoire de l’adjudant Samir Bajja décédé au cours de l’opération Barkhane la semaine dernière. Je rends également hommage à ses camarades blessés. Ainsi, derrière les chiffres dont nous parlons dans le cadre du présent projet de loi de finances, il y a des hommes et des femmes qui servent avec abnégation leur pays, parfois jusqu’au sacrifice suprême.
Le commandant de Saint Marc écrivait : « un soldat accepte de mourir pour que d’autres vivent et, plus grave encore, de tuer pour que d’autres ne soient pas tués. » Cette citation nous donne une responsabilité certaine alors que nous discutons des moyens que l’on va accorder à ces hommes et à ces femmes. Depuis de nombreuses années déjà, ce n’est pas du superflu que réclament nos armées, ce n’est pas du confort. Elles demandent, d’une part, de la reconnaissance et, d’autre part, les moyens pour s’entraîner et pour mener à bien leur mission.
Or notre rôle, à nous parlementaires, est de leur donner ces moyens, afin qu’elles puissent remplir les missions de plus en plus compliquées qui leur sont confiées par le chef des armées, le Président de la République. Nos armées font la fierté de la France et l’opération au Sahel est montrée comme un exemple dans de nombreux pays. Mais pour combien de temps encore ?
L’actualité géopolitique très riche souligne quotidiennement que, plus que jamais, nos armées sont indispensables à notre sécurité, et qu’elles ne doivent en aucun cas être la variable d’ajustement pour ceux qui sont chargés des finances publiques. Je sais, monsieur le ministre, toute l’énergie que vous mettez, ainsi que les grands chefs militaires, pour défendre notre outil de défense dans sa globalité, mais malgré cela on est loin du compte...
Tous les spécialistes s’accordent à dire que le budget de la défense, prétendument sanctuarisé, ne sera pas tenu, que les recettes exceptionnelles, notamment les ventes de fréquences, ne seront sans doute pas au rendez-vous l’an prochain. Une nouvelle fois, pour faire des économies, vous vous attaquez aux silencieux et au fondement même de notre pays à travers cette mission régalienne. Après avoir supporté 60 % des baisses d’effectifs de l’État en 2014, la défense sera une nouvelle fois mise à contribution en 2015 : les diminutions qu’elle supportera représenteront 66 % de ces baisses. Cela ne permettra pas d’améliorer le quotidien de nos forces et leur équipement.
Est-il normal que 44 % des militaires de l’armée de terre soient à l’indice plancher de la fonction publique, que 74 % soient sous contrat, alors que l’on recrute des fonctionnaires à tour de bras dans certains ministères ? Est-il également normal que le parc d’équipements de l’armée de terre ait globalement décru de 42 % en sept ans ?
Je vous plains, monsieur le ministre, car je connais votre souci de préserver nos capacités et votre volonté de défendre nos armées. Mais il faut le reconnaître, en d’autres lieux, on sacrifie notre défense pour maintenir notre déficit et faire plaisir aux bureaucrates bruxellois ! Vous parlez de l’Union européenne à tout bout de champ, mais où était-elle lorsqu’il s’est agi d’aller stopper les terroristes au Mali, opération protégeant l’ensemble des pays européens ? Vous cherchez de l’argent pour la mission « Défense », mission symbole de la souveraineté de la France et de sa capacité à être et à rester un pays qui compte dans le monde, alors commencez par arrêter de donner de l’argent à l’Union européenne, qui n’est d’aucun secours lorsqu’il s’agit de protéger ses citoyens !
J’ai bien compris que, dans le contexte actuel, c’est la foire aux idées pour limiter le naufrage. Outre le fait que, sur le plan technique, juridique et financier, elle n’apporte aucune garantie de réussite, l’idée des sociétés de projet ressemble fortement à un artifice pour faire taire les craintes, en particulier celles de nos militaires.
La défense n’est pas une variable d’ajustement ; elle est la première fonction régalienne de l’État. Nos armées participent au premier rang à la sécurité de notre pays, même si la menace n’est plus aussi visible qu’hier. Elles contribuent également au rayonnement de la France dans le monde et à la diffusion des valeurs de notre pays.
Monsieur le ministre, vous avez notre soutien pour votre combat afin de maintenir notre outil de défense. Malheureusement, le budget que l’on vous impose ne répond pas à la vision que nous avons de notre pays. Nous ne pourrons donc le voter en l’état !