Madame la présidente, monsieur le président du Sénat, monsieur le ministre, mes chers collègues, parce que des militaires risquent leur vie tous les jours au combat pour notre sécurité et celle de nos partenaires, l’armée doit avoir les moyens d’exercer sa mission, ce que le présent budget lui assure.
Ces femmes et ces hommes, je veux les saluer ici pour leur dévouement, leur professionnalisme et les sacrifices qu’ils font dans le cadre de la réalisation de leur mission, que ce soit au Mali, au Liban, en République centrafricaine, en Irak, ou ailleurs dans le monde, mais aussi, ne l’oublions pas, sur le territoire national.
Je veux également rendre un hommage appuyé à celles et ceux qui ont disparu en accomplissant leur devoir. La nation leur doit beaucoup et notre mémoire est là pour conserver le souvenir de leurs actes.
C’est pour ces raisons que ce budget est singulier. Il l’est de par les enjeux auxquels il répond et parce qu’il permet de financer les missions accomplies ; il l’est aussi parce qu’il permet de garantir la sécurité de nos concitoyens, d’assumer nos responsabilités internationales et de participer au redressement des comptes publics. Le budget de la défense, c’est tout cela à la fois.
Telle est l’ambition affichée et constante du Président de la République, qui se veut le garant de l’indépendance nationale. D’ailleurs, lors de la réception au ministère de la défense pour la fête nationale de 2012, ne déclarait-il pas : « Je veillerai particulièrement à la pérennité, à la continuité, à l’avenir de nos capacités militaires. » Nous y sommes !
Cette ambition fait écho à un environnement international et sécuritaire de plus en plus incertain et dégradé. Les crises se sont multipliées, accompagnées de leur lot de déstabilisations.
Ainsi, au Mali, la France est intervenue au mois de janvier 2013 à la demande des autorités politiques légitimes, afin d’empêcher l’émergence d’une entité terroriste qui menaçait l’existence même de l’État malien. Outre un sanctuaire terroriste, dont il fallait empêcher la constitution, c’est toute la stabilité de la sous-région qui était l’enjeu de notre intervention.
Cette année, l’opération Barkhane a pris la suite de l’opération Serval, afin de contrer la menace terroriste avec l’aide de nos partenaires africains. La déstabilisation de la bande sahélo-saharienne ayant des répercussions sur les ressortissants européens, nous avons l’espoir que ces deux opérations fassent évoluer les perceptions de nos alliés à propos de notre stratégie en Afrique.
Plus près de nous, la crise ukrainienne rappelle, quant à elle, combien la paix est fragile, y compris sur notre continent. Les frontières de l’Ukraine sont aujourd’hui remises en cause, et la Russie, par les tensions qu’elle génère, éprouve tout le système de sécurité continental. Le Président de la République a donc eu raison de suspendre la livraison des bâtiments Mistral, et je veux en cet instant saluer une décision pleine de sagesse. §
Imaginez un seul instant que ce bâtiment, dédié à la projection de forces, soit déployé au large de la Crimée ! Qu’en penseraient nos partenaires européens et nos alliés américains ? Quelle crédibilité aurait notre politique extérieure si nous l’orientions sur de simples impulsions mercantiles ?
Si la crise ukrainienne met en danger les fondements sur lesquels reposait le système de sécurité sur le continent européen, Daech est un signal d’alarme adressé à nos démocraties. Lutter contre cette organisation, tout en respectant la légalité internationale, constitue pour la France et ses alliés un défi qu’il faut relever. Tout comme AQMI dans le Sahel, Daech véhicule une idéologie totalitaire vouant à la destruction ses opposants. Ce sont les valeurs sur lesquelles sont adossées nos sociétés libres et démocratiques qui sont en jeu.
Ce bref état des lieux confirme le diagnostic posé par le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2013. Dès lors, maintenir notre effort de défense est une impérieuse nécessité, afin que soit assurée la sécurité tant de nos concitoyens que de nos intérêts vitaux. Il s’agit de permettre à la France de tenir son rang sur la scène internationale.
C’est donc en responsabilité que le Président de la République, dès le début de son quinquennat, a souhaité sanctuariser les efforts consentis par notre pays en matière de défense, malgré la contraction budgétaire. Nous le constatons aujourd’hui.
Cette volonté a pris corps non seulement avec la démarche instaurée par le Livre blanc, mais aussi, depuis 2012, au travers des différents budgets, qui ont respecté les projections de la loi de programmation militaire. Cette dernière, je le rappelle, a recueilli un large assentiment au sein de cet hémicycle et a permis de préciser les éléments matériels et budgétaires de cette nouvelle stratégie pour cinq ans, à savoir le maintien de notre dissuasion nucléaire avec ses deux composantes et notre capacité à entrer en premier sur un théâtre d’opérations, ce qui suppose de conserver notre force pré-positionnée.
Avec 31, 4 milliards d’euros, dont 17 milliards d’euros en investissement, ce budget permet à notre pays de continuer à conserver ses capacités militaires. Les choix effectués préservent également les capacités et les perspectives de l’industrie de la défense.
Ce budget respecte aussi la perspective de long terme qui a guidé la rédaction de la loi de programmation militaire. En effet, il traduit la priorité accordée à la préservation de l’industrie de défense, gage d’autonomie stratégique et de dynamisme économique, et à la recherche, en prévoyant un effort marqué en faveur des études en amont.
Maintenir les moyens de la France pour assumer son ambition de puissance et de paix, tel est le credo de cette démarche qu’incarne encore cette année le budget de la mission « Défense ».
Dans L’Armée nouvelle, Jean Jaurès posait le principe suivant : « Tout ce que la France fera pour ajouter à sa puissance défensive accroîtra les chances de paix dans le monde. Tout ce que la France fera dans le monde pour organiser juridiquement la paix et la fonder immuablement sur l’arbitrage et le droit ajoutera à sa puissance défensive. » Je veux croire que notre politique de défense participe de cette pensée.
Enfin, je veux livrer une perspective européenne. La crise ukrainienne, que j’ai évoquée, vient rappeler les limites de la politique européenne, notamment en matière de défense. Alors que le monde réarme, l’Europe désarme, et les dépenses militaires asiatiques dépassent désormais celles de notre continent. Aussi, les efforts de la France en matière de défense paraissent singuliers, voire isolés, mais ils sont indispensables.
La défense ne peut demeurer le rocher de Sisyphe de la construction européenne.
Alors, monsieur le ministre, face à tous les enjeux qui se trouvent devant nous, le groupe socialiste soutient l’engagement du Président de la République et du Premier ministre, que vous relayez ici, de donner les moyens à notre armée d’assurer ses missions au service de la paix et de la liberté, en France et dans le monde.
Oui, monsieur le ministre, sans surprise, nous soutiendrons votre budget. §