Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous avons déjà beaucoup parlé du logiciel Louvois. Si l’objet et la forme de cet amendement sont symboliques, l’intention de son auteur ne l’est pas.
À l’occasion de la défense du présent amendement, je souhaite dénoncer – après M. le ministre et beaucoup de nos collègues –, dans cet hémicycle, l’absurdité de ce système informatique de versement des soldes de nos concitoyens engagés dans la carrière militaire.
Cette situation pourrait d’autant plus prêter à sourire – ce serait de l’humour noir – que ce logiciel porte le nom d’un ministre de la guerre de Louis XIV qui a marqué l’histoire militaire par son souci de modernisation…
L’échec de Louvois I, en 2003, aurait dû nous alerter collectivement sur les risques existants. Le déploiement de Louvois III, dès 2011, s’est en effet révélé catastrophique : pour la seule année 2012, le montant des erreurs de calcul du logiciel est estimé par la Cour des comptes à plus de 465 millions d’euros. Que de difficultés concrètes pour nos militaires !
Au total, cette errance de nos politiques publiques aura coûté plus de 470 millions d’euros, du moins si l’on ne retient que le prix d’achat et le coût des dysfonctionnements du logiciel, sans tenir compte de son remplacement. Si la solitude dans laquelle se trouvent de nombreuses familles de soldats est déjà un scandale en soi, cette gabegie financière l’est tout autant !
Pourquoi cet amendement, monsieur le ministre ? Vous avez dit dans votre intervention ne pas vouloir polémiquer. Vous avez ajouté qu’il n’y avait pas de responsables. Je suis désolé, mais vous êtes trop centriste ! §Il faut marquer beaucoup plus d’autorité dans cette affaire.
Je suis choqué que les responsabilités ne soient pas déterminées. On pourrait accuser les politiques, mais ce ne sont pas les ministres qui ont développé le logiciel !
J’ai été inspecteur général de l’administration de l’éducation nationale : nous savions toujours où étaient les responsabilités. Je regrette que l’on ne cherche pas à savoir comment les choses ont été organisées pendant quatre, cinq, six ou sept ans afin de déterminer quels sont les responsables.
Les militaires sont « carrés » : avec eux, c’est oui ou c’est non. Mais ce sont eux qui supportent cette gabegie, sans que les responsables soient identifiés. Ce n’est pas normal et cet amendement symbolique n’a d’autre ambition que de le dire haut et fort.