Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, ma question porte sur les réseaux de réussite scolaire.
Alors que les classements internationaux comme PISA mettent en évidence les piètres résultats de notre système scolaire, alors que nous ne cessons de déplorer le fait que l’école continue d’amplifier les inégalités sociales, nous sommes en droit de nous interroger sur les conséquences de la réforme de l’éducation prioritaire.
Je me fais ce matin, à cette tribune, le porte-parole des enseignants, des parents d’élèves et des élus, qui, depuis plus d’un mois, manifestent leur colère dans de très nombreuses communes de la Gironde. En effet, comment ne pas craindre qu’une telle révision ne vienne contredire les objectifs affichés de favoriser une réelle égalité des chances ?
En Gironde, comme sur l’ensemble du territoire, enseignants, parents et élus multiplient les actions de mobilisation et rivalisent d’imagination pour faire entendre leur inquiétude face au projet de révision de l’éducation prioritaire.
Depuis 1982, l’éducation prioritaire n’a fait l’objet d’aucune refondation globale. On a empilé des dispositifs, ce qui a eu pour conséquence une perte de lisibilité et d’efficacité.
Certes, la révision de la carte scolaire est présentée comme un outil de justice sociale et de correction des inégalités – je ne doute d’ailleurs pas que le Gouvernement veuille aller dans ce sens –, mais la modification des critères contenue dans cette réforme des zones d’éducation prioritaires, ou ZEP, devenues réseaux de réussite scolaire, réforme qui prend majoritairement en compte les zones urbaines au détriment du critère de ruralité, suscite en Gironde inquiétude et colère, qui ne semblent pas prêtes de s’apaiser.
Depuis trente ans, la Gironde comptait vingt et une zones d’éducation prioritaires, devenues réseaux de réussite scolaire. La nouvelle carte des réseaux d’éducation prioritaire, présentée par le recteur de l’académie de Bordeaux en fin de semaine dernière pour le département de la Gironde révèle la sortie du dispositif des REP de six collèges situés à Guîtres, à Lussac, à Cadillac, à Salles, à Saint- Symphorien et à Bègles.
D’autres établissements, comme les collèges de Coutras et de Sainte-Foy-la-Grande, rentrent, certes, dans le dispositif des REP ; mais vous comprendrez que la prise en compte de certains collèges ne peut justifier la sortie d’autres établissements, dont les indicateurs socio-éducatifs restent pour le moins préoccupants. Tous les secteurs géographiques que j’ai cités sont des zones rurales où vivent de nombreuses familles défavorisées, trop souvent privées d’accès à la culture.
D’ailleurs, dans un récent rapport, l’Observatoire girondin de la précarité et de la pauvreté a mis en évidence de nouveaux espaces de grande précarité.
Monsieur le secrétaire d’État, ne pensez-vous pas que les critères devraient impérativement prendre en compte la réalité du territoire, et notamment l’isolement culturel dans lequel se trouvent ces collèges ? Ainsi, il est bien évident que le classement en zone urbaine sensible est un critère uniquement adapté à l’urbain.
Les quatre critères retenus par le rectorat de l’académie de Bordeaux d’après, j’imagine, les directives reçues sont les suivants : le taux d’élèves résidant en zone urbaine sensible, le taux de classes sociales défavorisées, le taux d’élèves boursiers, le taux d’élèves en retard d’un an ou plus à l’entrée en sixième. Ces critères se révèlent inopérants et dangereux, car ils ne correspondent en rien à la réalité du terrain et à la précarité grandissante.
Face à l’ampleur de la mobilisation et devant l’inquiétude de toute la communauté éducative, le recteur de l’académie de Bordeaux a annoncé la mise en place d’un contrat académique de priorité éducative. Êtes-vous en mesure, monsieur le secrétaire d’État, de nous apporter des précisions quant au contenu de ce contrat académique ?
Je vous fais confiance pour que, au-delà des entrées et des sorties des établissements scolaires des dispositifs « réseaux de réussite scolaire » et « réseaux d’éducation prioritaire », vous soyez en mesure d’accorder à ces collèges les moyens indispensables à l’accomplissement de leurs missions, avec une égalité de traitement pour l’ensemble des territoires du département de la Gironde. Il s’agit de contribuer avec efficacité à la réussite de tous ; or c’est à l’État qu’il incombe d’assurer cette égalité d’accès à l’éducation.