Vous avez rappelé à juste titre qu'EDF est une entreprise de service public. Je partage votre analyse sur les services sociaux et plaide comme vous pour leur maintien, le chèque énergie pouvant venir en complément, en appui aux investissements en faveur des économies d'énergie. Si l'on crée un mécanisme trop complexe, le public en difficulté n'en bénéficiera pas, comme on l'a constaté avec le RSA ou l'allocation complémentaire santé, auxquels 50 % et 70 %, respectivement, des bénéficiaires potentiels n'ont pas recours. (Mme Marie-Noëlle Lienemann le confirme).
Sur le nucléaire, nous ne sommes sûrs que d'une seule chose, c'est qu'il n'y a pas de certitude. Vous avez d'ailleurs usé d'expressions fort prudentes qui témoignent bien que l'objectif fixé est très difficile à atteindre. Le postulat, pour moi, c'est l'indépendance énergétique du pays, que le nucléaire nous assure depuis trente ans. Si l'on veut préserver une industrie française forte et compétitive, c'est cette exigence d'indépendance énergétique qui doit nous guider.
Ségolène Royal, que nous avions entendue au lendemain de votre audition, en novembre, nous a rappelé que les décisions tarifaires relevaient de l'Etat, et non de l'entreprise, mais que cette dernière devrait procéder à un rééquilibrage des tarifs, au bénéfice du consommateur. EDF doit réduire son train de vie et augmenter sa productivité, ajoutait-elle. Comment recevez-vous ces propos ?
Alors que l'on achoppe, avec les énergies nouvelles, sur le stockage, la recherche est cruciale. Entendez-vous augmenter votre budget recherche pour répondre à cet enjeu ?
Vous avez rappelé que le prix de l'électricité est plus bas en France qu'ailleurs, ce qui a des conséquences bénéfiques sur l'ensemble de l'économie, mais aussi sur l'environnement. La France n'émet que 5 tonnes de CO2 par habitant, contre 9 tonnes en Allemagne et une moyenne européenne de 7 tonnes. Faire valoir cette réalité auprès de nos partenaires européens lorsqu'ils émettent des exigences concernant d'autres aspects de nos politiques ne serait pas malvenu : nous sommes loin d'être les derniers de la classe...
Quelles conséquences attendez-vous de la baisse des cours du pétrole ? On en mesure le bénéfice à court terme, mais ne peut-on craindre qu'elle pousse au laxisme en matière d'économies d'énergie ?
Alors qu'il est important de valoriser le potentiel hydraulique de la France, il devient difficile de faire accepter les grands travaux nécessaires. Les projets de barrages suscitent de plus en plus de recours, qui allongent les délais. Quand il fallait trois ou quatre ans naguère pour engager ce type d'investissement, cela peut désormais prendre jusqu'à dix ans. Estimez-vous nécessaire de légiférer ?
Dernière question, enfin. Alors que l'on entend soutenir le développement des énergies renouvelables, le fond de 300 milliards que l'Union européenne va consacrer à la relance ne pourrait-il servir utilement cette fin ?