Ma question s’adressait à Mme la ministre de la culture et de la communication, et je remercie par avance M. le secrétaire d’État de la réponse qu’il va y apporter.
« Les services doivent être physiquement accessibles à tous les membres de la communauté. Ceci suppose que les bâtiments de la bibliothèque soient bien situés, que celle-ci offre de bonnes conditions de lecture et d’étude, de même que des technologies adéquates et des heures d’ouverture convenant à tous les usagers. Ceci implique également des services destinés à ceux qui sont dans l’impossibilité de se rendre à la bibliothèque. » Cet extrait du manifeste de l’UNESCO sur la bibliothèque publique témoigne de l’importance des heures d’ouverture des bibliothèques en termes d’accessibilité à la culture.
En France, depuis le rapport de Georges Perrin de 2008, Améliorer l’accueil dans les bibliothèques, l’attention portée à cette question devient de plus en plus forte. En effet, dans notre pays, se promener dans les rangées d’une bibliothèque n’est possible, en moyenne, que trente heures par semaine. En comparaison, dans de nombreux pays, comme au Danemark ou aux Pays-Bas, les bibliothèques sont ouvertes près de cent heures par semaine.
Dominique Arot, dans son rapport de novembre 2012, met en exergue que, sur les cent cinquante bibliothèques publiques analysées, seulement seize sont ouvertes le dimanche, soit quelque 10 %.
Or, comme le démontre l’auteur du rapport précité, l’ouverture des bibliothèques le dimanche est accueillie très favorablement par la population et permet une fréquentation familiale plus importante et donc un accès d’un plus grand nombre de nos concitoyens à ces lieux de culture.
J’ai, à Rennes, l’illustration de cette réalité avec la bibliothèque des Champs Libres, que j’ai ouverte le dimanche.
En fait, cette problématique relative aux horaires d’ouverture des bibliothèques s’intègre évidemment dans une réflexion beaucoup plus large : la politique des temps et la question des rythmes et des usages de la vie moderne.
On sent de plus en plus la nécessité d’adapter l’ouverture des équipements publics, a fortiori culturels, aux pratiques des populations. Ouvrir les bibliothèques le dimanche, expérimenter des nocturnes, travailler sur des horaires adaptés aux mobilités des habitants sont l’un des leviers d’accessibilité importants à l’art et à la culture.
Il est cependant évident qu’envisager l’ouverture des bibliothèques sur ces temps atypiques soulève des questions d’organisation du temps de travail et exige bien sûr des moyens humains et financiers plus importants.
À cet égard, les réflexions actuelles sur le travail dominical – je pense au projet de loi Macron – devraient intégrer une dimension d’ordre culturel afin que ce temps hebdomadaire ne soit pas simplement réduit à des objectifs de rentabilité économique, voire marchands.
En effet, mener une réflexion sur cette journée si particulière qu’est le dimanche pourrait être l’occasion de lier l’ouverture exceptionnelle de certains commerces dits « culturels » – je pense aux librairies, mais non pas seulement – à des événements culturels et à l’ouverture des équipements culturels, notamment les bibliothèques publiques, afin d’offrir ainsi à nos concitoyens une offre globale de culture et de connaissance sur un territoire.
Qu’en pensez-vous, monsieur le secrétaire d'État, et comment l’État pourrait-il par exemple accompagner des collectivités territoriales, qui ont la gestion des bibliothèques publiques, dans la conduite de certaines expérimentations en vue d’améliorer l’accessibilité de ces lieux de savoir et de culture sur ces temporalités atypiques ?