Monsieur le secrétaire d’État, tout d’abord, je tiens à souligner que la réforme des réseaux d’éducation prioritaire n’a bénéficié d’aucune concertation, malgré la promesse faite aux parlementaires et aux élus de réaliser une étude « au plus près des réalités du terrain » avant toute décision définitive.
J’ajoute que ma demande de rendez-vous avec M. le recteur de l’académie de Lille n’a jamais obtenu de réponse, malgré mes relances.
Je n’ignore pas les difficultés de gestion que soulève une telle réforme. Je relève simplement que cette absence de dialogue et de concertation a déjà entraîné des conséquences dommageables.
Ainsi a-t-il fallu une quinzaine de jours de mobilisation active des parents d’élèves et des enseignants du REP de Rouvroy, comptant plusieurs jours de grève de la part des professeurs et plusieurs jours de blocage des portes des établissements par les parents d’élèves, avant que les acteurs éducatifs concernés ne soient enfin reçus par les autorités et que le collège concerné, comme celui de Calonne-Ricouart, soit enfin rétabli dans la liste des réseaux d’éducation prioritaire.
À l’heure où je vous parle, neuf réseaux du Nord–Pas-de-Calais sont censés sortir de l’éducation prioritaire. Ce simple constat interpelle quand on connaît la situation socioéconomique de cette région, laquelle, selon une étude universitaire, est de loin celle où le décrochage scolaire excède le plus la moyenne nationale.
Dans le domaine éducatif, cette situation se traduit par une moindre orientation des élèves vers des études longues, en raison des résultats scolaires, mais aussi, pour les élèves, d’un manque de confiance et, pour les parents, de difficultés à se projeter dans l’avenir. Or les moyens supplémentaires des REP, couplés à l’engagement remarquable de collectivités locales du Nord–Pas-de-Calais dans la mise en œuvre de programmes de réussite éducative souvent exemplaires, ont permis de mobiliser des énergies considérables pour la réussite scolaire et éducative.
Cela étant, les premiers résultats obtenus sont encore très fragiles, et cet élan serait brisé dans les neuf réseaux que le Gouvernement entend supprimer.
Voilà pourquoi, eu égard à la situation sociale, économique et culturelle du Nord–Pas-de-Calais, qui accuse un retard de 4, 5 points quant à la part des diplômés parmi les 25–29 ans – il s’agit de la tranche d’âge pour laquelle le taux de décrochage est le plus élevé –, je n’entrerai pas, pour ma part, dans une logique de mise en concurrence des établissements de la région. Gardons à l’esprit que certains d’entre eux cumulent des difficultés très nombreuses et très diverses.
Pour être clair, je ne vous demande pas un « marchandage », d’éventuelles et hypothétiques compensations qui, quoi qu’il en soit, seraient limitées dans le temps et soumises aux aléas budgétaires. Je vous demande d’engager enfin une véritable concertation, qui, au demeurant, a été promise à l’origine, pour réétudier la situation de ces neuf réseaux.