parce que dans un réacteur à fission, les températures ne dépassent pas 2 500 degrés. En revanche, la fusion démarre après le million de degrés : voilà un réel défi.
Le CEA a beaucoup travaillé sur les réacteurs de quatrième génération. Parmi les six concepts en lice, le CEA a choisi le réacteur à neutrons rapides, dont la technologie, déjà utilisée dans Phénix et Superphénix, lui semblait la plus mature. Le projet Astrid en est à son avant-projet sommaire et l'avant-projet détaillé devrait être dévoilé en 2019. Nous n'avons encore aucune idée du prix de ce réacteur, car tant qu'un produit n'est pas défini, il n'a pas de coût. Il faudra ensuite que ce projet soit agréé par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Le coeur du réacteur a un coefficient de vidange négatif, ce qui améliore la sûreté.
Le démantèlement est une charge importante pour l'État mais, comme l'affirme une publicité, celle-ci peut devenir un atout puisque la France a déjà démantelé des installations de taille moyenne. Nous occupons une place de leader. Nous pouvons bâtir une filière sur ce véritable marché. Nous avons déjà créé un campus pour les entreprises à Marcoules.
L'argent public étant rare, le Centre d'alerte aux tsunamis (CENALT) a connu quelques difficultés, liées notamment au fait que deux ministères le financent. Vous êtes remonté au créneau et désormais cet organisme fonctionne bien : en cas d'alerte, dans le quart d'heure, les autorités et les populations sont prévenues. En revanche, une coopération à l'échelle européenne serait bienvenue.
J'ai porté le LMG sur les fonts baptismaux en 1996 en tant que patron de la simulation : le Premier ministre est venu le mettre en marche le 23 octobre dernier. J'ai voulu que le LMG monte progressivement en puissance afin de déceler toute faille dans la sécurité informatique. Il s'agit d'une formidable aventure industrielle : 2 000 entreprises françaises ont contribué à cette réalisation. Peu de pays au monde, à part les États-Unis aujourd'hui, la Chine demain et la Russie après-demain, sont capables de réaliser une telle installation. Notre pays devrait s'enorgueillir de tels succès.
La nécessaire transition énergétique se heurte à la question du stockage de l'énergie qui n'est pas toujours produite au moment où on souhaiterait l'utiliser. Le CEA participe largement au programme européen Horizon 2020 et une partie des 300 milliards du programme Juncker pourrait peut-être financer de la recherche. Il importe de penser à la dimension industrielle des applications.
Nous travaillons sur le stockage de l'hydrogène depuis une décennie : la sécurisation des réservoirs d'une voiture roulant à l'hydrogène doit être totale. Nous avons lancé deux projets de piles à combustible, mais les fortes températures modifient les propriétés des matériaux et réduit leur durée de vie. Nous avons également travaillé sur la sécurité des piles, car les risques d'explosion sont réels. Nous nous sommes associés avec Renault qui, depuis, a choisi sa propre filière. Pour l'amélioration du stockage dans les batteries, les électrolytes jouent un rôle important : avec l'université de Tours, nous avons mené des travaux pour améliorer les propriétés des électrolytes actuels ou pour en modifier la composition. La France gagnerait à se mobiliser sur la tenue des matériaux.
À l'origine, le CEA n'avait comme tutelle que les services du Premier ministre. Il en compte maintenant quatre, ce qui gêne les ministères pour appréhender les travaux que le CEA mène à leur profit. Je vais faire en sorte que chaque tutelle ait une meilleure visibilité. La vie du pôle défense, qui n'a qu'une tutelle, est plus simple.
ITER et le LMJ tentent tous deux d'atteindre la fusion thermonucléaire. L'Institut de recherche sur la fusion, situé à Cadarache, supporte le projet ITER, mais ce projet est mondial et le CEA n'est qu'un des participants à cette grande entreprise.