Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Réunion du 18 juillet 2008 à 10h00
Démocratie sociale et temps de travail — Article 16

Photo de Jean-Luc MélenchonJean-Luc Mélenchon :

J’ajoute que le pays produisait pour 1 000 milliards d’euros en 1980, pour 1 790 milliards d’euros en 2005 et que nous en sommes aujourd’hui à 1 900 milliards d’euros.

Alors que nous avons une meilleure productivité horaire, que nous avons plus de richesses accumulées, que nous sommes la deuxième destination des investissements du monde, vous répétez sans cesse que nous reculons, que nous sommes perdus et que nous ne savons plus travailler ! Cela ne tient pas debout !

Le ministre a répondu sur ce point en évoquant les plafonds d’heures supplémentaires. Monsieur le ministre, vous ne pouvez pas disconvenir du fait que, globalement, le nombre d’heures supplémentaires qui sont autorisées dans ce pays ne sont pas consommées.

Vous objecterez que je mentionne un chiffre global, qu’il faut voir cela branche par branche, activité par activité ou entreprise par entreprise. Soit ! Mais il faut bien fixer une limite : sinon, il n’est plus possible d’organiser le temps particulier des individus. Il y a aussi, en France, un certain rythme social qu’il convient de respecter !

Par ailleurs, à l'article 17, que nous finirons bien par examiner, nous aborderons les conventions de forfait. Quand la convention de forfait s’ajoutera à la possibilité de crever tous les plafonds d’heures supplémentaires, quelle latitude restera-t-il au travailleur singulier pour économiser sa force ? Aucune !

Monsieur le ministre, vous parlez de « celui qui veut faire des heures supplémentaires ». Ce n’est pas la réalité ! Ce n’est jamais le travailleur qui décide ! C’est le patron qui propose et c’est encore lui qui dispose : le gars ou la fille ne peut pas dire non ! Il ou elle travaille donc encore et encore, d’autant qu’on lui dit en plus : « Si tu refuses, la boîte va fermer, va être délocalisée, etc. »

Et c’est ainsi que la France a l’un des taux de suicide au travail les plus élevés d’Europe. Voilà une performance française dont on devrait également rechercher la cause !

Tout à l’heure, monsieur le ministre, mes chers collègues, je vous régalerai d’une lettre de la CGT qui vous permettra d’y voir plus clair à ce sujet.

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