Intervention de Jean Desessard

Réunion du 18 juillet 2008 à 10h00
Démocratie sociale et temps de travail — Article 16

Photo de Jean DesessardJean Desessard :

Je connaissais les expressions « libérer le travailleur », « libérer le citoyen du travail », qui donnaient à penser que c’était l’homme qui était au cœur du processus. Désormais, c’est le travail, le travail, le travail ! Ce n’est pas l’homme qui doit profiter des fruits de son travail, non, c’est le travail pour le travail ! Nous assistons à un changement d’époque, à un renversement des objectifs.

Quels progrès technologiques nous feraient donc aujourd'hui défaut au point d’entraîner une baisse de productivité ? Je vous donne une piste, chers collègues de droite : il pourrait s’agir de problèmes environnementaux. On sait que, malgré une productivité technique plus importante, les ressources naturelles ne permettent pas d’obtenir les mêmes rendements. En particulier, l’utilisation des pesticides et des engrais a rendu les sols moins productifs. Il en est de même pour l’eau : nous le savons, l’accès à l’eau étant plus difficile, il exige plus de travail.

Par conséquent, si vous aviez soutenu l’idée que, du fait des problèmes environnementaux qui sont apparus, le volume de travail requis pour produire les mêmes richesses était plus important, nous aurions pu considérer qu’il s’agissait là d’une donnée nouvelle, ce qui est d’ailleurs vrai, même si elle n’est pas encore mesurée. Peut-être le Gouvernement tiendra-t-il un tableau de bord pour déterminer s’il convient de maintenir les ressources naturelles, qui constituent un élément de richesse dans notre pays.

Aujourd'hui, ce sont bien les problèmes environnementaux qui nous contraignent à repenser la technicité. Mais, pour le moment, vous ne l’avez jamais dit. Vous vous êtes contentés d’affirmer qu’il fallait travailler plus pour être compétitifs par rapport aux pays émergents, alors que, d’un point de vue social, ils ont beaucoup de retard sur nous.

Deux logiques s’affrontent. La première consiste à aider les pays émergents à se développer économiquement et socialement, pour qu’ils finissent par obtenir les mêmes acquis sociaux que les pays européens. La seconde conduit à vouloir adapter l’économie française à celle des pays émergents, ce qui revient à casser le modèle social européen. Quoi qu’il en soit, le problème se reposera.

Mes chers collègues, il faudrait que le Gouvernement mette en place un tableau de bord de manière à savoir comment aujourd'hui, avec les mêmes techniques, la pénurie de ressources naturelles implique davantage de travail. Voilà une question d’actualité !

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