Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je commencerai mon propos en remerciant notre rapporteur, dont le travail, très riche, a fait l’objet d’une discussion relativement consensuelle, ce dont je me réjouis.
Je tiens également à remercier notre collègue Jean Desessard, qui, bien qu’étant le référent du groupe écologiste sur ce thème et notre expert en la matière, me laisse prendre la parole ce soir.
Je vais d’ailleurs le citer pour illustrer mon propos et réagir au rapport qui vient de nous être présenté. Voici en effet ce qu’est la prospective pour Jean Desessard. « […] la prospective ne consiste pas simplement à décrire une courbe. Elle vise aussi à déterminer quelle courbe nous voulons obtenir. Si l’évolution doit être appréhendée en fonction de l’analyse du réel, elle dépend également des volontés politiques ». J’ajouterai qu’elle dépend aussi du monde que nous voulons construire pour nos enfants.
Si le contenu du rapport est intéressant, il nous semble que la transition énergétique n’y a pas la place qu’elle mérite. Je vous renvoie à d’autres travaux du Sénat, notamment ceux de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, l’OPECST, qui a organisé une demi-journée d’auditions franco-allemandes afin de débattre du tournant énergétique allemand et de savoir ce qui était transposable ou non dans notre pays.
Cet échange extrêmement riche avec les meilleurs acteurs de la transition énergétique allemande a fait apparaître que la transition énergétique offrait une perspective pour les emplois de demain, pour une nouvelle société, si et seulement si certaines conditions étaient remplies concernant l’offre de formation, l’école, la politique menée par les entreprises et l’aide des pouvoirs publics.
À cet égard, il nous semble que la transition énergétique – et alors que nous allons bientôt débattre d’un texte s’y rapportant – ne doit pas être vécue comme une punition, une contrainte. Si nous le décidons collectivement, elle peut constituer une formidable chance pour demain et avoir des effets extrêmement positifs pour le secteur du bâtiment, ainsi qu’un certain nombre d’autres secteurs industriels.
Les points de vue divergent en ce qui concerne le chiffrage, mais tous les avis concordent pour estimer qu’entre 50 000 et 250 000 emplois peuvent être créés demain si nous mettons en place une transition énergétique digne de ce nom.
Dans le même ordre d’idées, si les activités « verdissantes » doivent être vues non comme une contrainte ou une punition, mais comme une grande chance, de même, tout ce que nous évoquons régulièrement pour traiter les problèmes de pesticides ou de pollutions, par exemple, ne doit pas être considéré comme une peine, mais bien plutôt comme une vraie chance de développer la recherche et de préparer les emplois de demain.
La clé de tout – le rapport le souligne –, c’est l’école, c’est la formation tout au long de la vie. Sans doute y a-t-il en effet des marges d’amélioration.
En France, on aime l’école ou on ne l’aime pas. Pourtant, je suis persuadée que l’on peut ne pas aimer l’école jusqu’à vingt ans et, à vingt-cinq ans, avoir envie de reprendre des études, de devenir médecin, chercheur ou ingénieur. Or, je suis désolée de le dire, mais, dans notre pays, ce n’est pas possible ! On n’a pas le droit, à vingt-cinq ans, de vouloir devenir médecin ou ingénieur. Si vous avez loupé le train de l’école et du baccalauréat, vous n’avez pas de deuxième chance !
La situation est bien différente en Allemagne, où la moitié des étudiants en ingénierie commencent leurs études après vingt-quatre ans. De même, en médecine, il existe un quota extrêmement important d’étudiants commençant leurs études après vingt-cinq ans. En France, cela reste difficilement envisageable, même si nous attendons un mieux de la réforme.
La question est fondamentale : il faut améliorer l’école – le président Karoutchi l’a dit. Mais il faut aussi complètement modifier – c’est ce quoi Jean Desessard a travaillé –l’articulation entre l’école et la formation professionnelle. Il faut tout reprendre pour mettre en place un dispositif plus dynamique, une véritable formation tout au long de la vie.
On nous renvoie toujours à l’exemple allemand. Au risque de quitter le registre du politiquement correct, je peux témoigner de ma propre expérience : ma mère est allemande et j’ai été élevée pour partie en Allemagne.
Eh bien, dans ce pays, il n’y a pas d’École nationale d’administration …