Intervention de Alexandra de Hoop Scheffer

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 2 octobre 2012 : 1ère réunion
Relations transatlantiques — Audition de Mme Alexandra de Hoop scheffer directrice de german marshall fund of the united states - france

Alexandra de Hoop Scheffer, directrice du German Marshall Fund of the United States - France :

Je vous remercie, Monsieur le Président, de cette présentation et d'avoir bien voulu me donner cette opportunité d'aborder avec la Commission le sujet des relations transatlantiques et de la politique étrangère américaine dans une optique à la fois de bilan du premier mandat du président Barack Obama et d'exercice prospectif, dans le contexte des prochaines élections américaines.

Comme vous l'avez annoncé dans votre propos introductif, le German Marshall Fund of the United States (GMF) vient de publier son rapport annuel Transatlantic Trends, une étude qui s'appuie sur des sondages d'opinion effectués aux Etats-Unis, dans douze pays de l'Union européenne, en Russie et en Turquie. Ces regards croisés des opinions américaines et européennes sur les questions économiques, sociales et géopolitiques offrent une grille de lecture des grandes tendances qui marquent les relations transatlantiques. Le rapport de cette année revient en particulier sur le bilan du premier mandat du Président Barack Obama et sur les enjeux internationaux qui ont marqué l'année 2012, dans un contexte où l'effet Obama perdure en Europe, et ce tout particulièrement en France. Permettez-moi de me servir de quelques tendances fortes qui se dégagent de ce rapport sur l'état de la relation transatlantique et les questions de politique étrangère, pour introduire les points que vous avez soulevés dans vos questions.

Tout d'abord, le rapport envoie un signal rassurant quant à l'état des relations transatlantiques, dont la solidité n'est pas affectée par le « rééquilibrage » stratégique des Etats-Unis vers l'Asie. La crise économique et les crises géopolitiques semblent avoir renforcé les liens entre les deux côtés de l'Atlantique : les opinions publiques souhaitent le renforcement d'une coopération fondée sur des valeurs et des intérêts communs - c'est le cas pour trois quarts des Français interrogés. Américains et Européens espèrent aussi un leadership fort des Etats-Unis et de l'Union européenne dans les affaires internationales, ce qui était moins le cas pendant les années Bush.

A l'approche des élections américaines, les Européens continuent d'approuver la politique étrangère de Barack Obama (sur des sujets comme l'Afghanistan, l'Iran ou la Russie), malgré des résultats en baisse depuis la première année de son mandat. Ils sont 71 % - une proportion stable par rapport à 2011 - à approuver sa politique de lutte contre le terrorisme.

Surtout, l'on observe une convergence croissante des opinions américaine et européenne sur l'ensemble des grands dossiers de politique étrangère.

S'il existe une adhésion très large au principe de la « responsabilité de protéger », l'opinion publique transatlantique s'oppose majoritairement à l'idée d'une intervention militaire en Syrie (défavorable à 59 % pour l'Union Européenne, et à 55 % aux États-Unis). De même, si les Américains se déclarent plus en faveur (18 %) que les Européens (7 % en moyenne, et 10 % en France) d'une option militaire afin d'empêcher l'Iran d'obtenir la bombe nucléaire en cas d'échec de toutes les autres options non-militaires, le recours à des sanctions économiques reste pour les Etats-Unis l'instrument privilégié (32 %) tandis que les Européens privilégient eux les incitations économiques (34 %). Un exemple particulièrement intéressant de cette convergence croissante : 53 % des Européens se disent favorables au retrait total des troupes d'Afghanistan, un chiffre qui atteint les 44 % aux Etats-Unis, alors qu'il n'était que de 35 % en 2011.

Une importante majorité des Européens interrogés (58 %) continue de considérer l'OTAN comme essentielle pour leur sécurité nationale (dont 60 % des Français). Une majorité d'Américains partage cet avis (56 %), bien que le partage des tâches et du financement de l'Alliance continue de faire débat, et que le soutien de l'opinion publique envers l'OTAN ait diminué aux États-Unis de 6 points depuis 2011.

On remarque enfin que seulement 32 % des Américains et 39 % des Européens (38 % des Français) souhaitent une baisse des dépenses militaires. En revanche, lorsque l'on demande aux Européens si le rééquilibrage américain en faveur de l'Asie justifie une augmentation des dépenses militaires de leurs pays, ils répondent majoritairement par la négative. Ces grandes tendances transatlantiques permettent de saisir le contexte du bilan de Barack Obama en matière de politique étrangère et de défense.

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