Intervention de Alexandra de Hoop Scheffer

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 2 octobre 2012 : 1ère réunion
Relations transatlantiques — Audition de Mme Alexandra de Hoop scheffer directrice de german marshall fund of the united states - france

Alexandra de Hoop Scheffer, directrice du German Marshall Fund of the United States - France :

Dès le début du mandat d'Obama, l'Amérique du Sud a eu le sentiment, comme l'Europe, d'être négligée par les Etats-Unis qui ne s'intéressaient qu'au retrait d'Irak, à l'Afghanistan et de plus en plus à l'Asie-Pacifique. Rapidement après son arrivée à la Maison blanche, Obama se voit critiqué pour avoir négligé ses relations avec ses alliés traditionnels en Europe pour privilégier ses relations avec les pays émergents- le Brésil et l'Inde sont présentés comme des « partenaires naturels » des Etats-Unis. L'administration Obama considère que l'Inde, la Chine et le Brésil sont des puissances non pas émergentes mais qui ont déjà émergé. C'est pour cette raison qu'en décembre 2009, il choisit de négocier avec ces pays (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine) l'accord de Copenhague sur le changement climatique, en excluant ses alliés européens, de manière injuste, car la mise sur l'agenda international et l'accord n'auraient pas été possibles sans les efforts européens. En accompagnant l'ascension économique de ces puissances, l'administration Obama essaie de les intégrer, les « socialiser » aux normes internationales définies par les Etats-Unis, pour les inciter à jouer les mêmes règles du jeu et afin de prévenir tout comportement futur qui pourrait être hostile aux intérêts américains. La tâche est compliquée, car la plupart de ces Etats, y compris le Brésil, ont leur propre vision des relations régionales et mondiales. A Rabat, le German Marshall Fund of the United States a lancé en septembre un nouveau programme intitulé « Dialogues Atlantiques », afin d'associer au dialogue transatlantique, des pays d'Afrique et du Moyen-Orient et d'Amérique du Sud, dont le poids démographique et économique compte et pèse de plus en plus sur les enjeux internationaux. Ce type d'initiative permet de créer des dialogues complémentaires aux canaux officiaux et de mieux comprendre les attentes de chacun. L'intérêt des Etats-Unis pour l'Amérique du Sud s'est aussi réaffirmé face à l'ampleur croissante des investissements chinois et iraniens dans la région : les Etats-Unis veulent donc reprendre pied dans cet hémisphère qui a été leur chasse gardée pendant des décennies.

Concernant un scénario cauchemar pour Barack Obama, sur la scène internationale, ce serait évidemment une attaque israélienne contre l'Iran. Le Premier ministre israélien le sait parfaitement et en joue pour déstabiliser le Président des États-Unis. Aux Etats-Unis, Barack Obama est défavorisé par un taux de chômage de 8 %. En revanche, il bénéficie d'un capital sympathie bien plus élevé que Mitt Romney et sa politique étrangère reste approuvée par une majorité des Américains. Les débats télévisés permettront aux deux candidats de marquer leurs différences. M. Romney semble assez doué pour ce type d'exercice, qui n'a, historiquement jamais été déterminant, sauf peut-être celui qui vit s'affronter Kennedy et Nixon.

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