Intervention de Jean-Louis Carrère

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 20 février 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Thomas Enders président exécutif d'eads

Photo de Jean-Louis CarrèreJean-Louis Carrère, président :

Nous sommes très heureux de vous recevoir ici devant la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat. Vous êtes aujourd'hui à la tête de la plus grande entreprise aéronautique européenne qui a été forgée par la volonté des Etats français, allemand et espagnol au tournant de ce siècle afin, notamment, de promouvoir « l'Europe de la défense », terme polysémique non dépourvu d'ambiguïtés. Si nous vous avons demandé de venir aujourd'hui parmi nous c'est précisément pour que vous nous parliez d'Europe et de défense, l'activité civile d'EADS ne nous intéressant, dans cette commission, qu'à titre subsidiaire.

Nous sommes nombreux au Sénat, à droite comme à gauche, à porter le deuil du projet de fusion EADS-BAE. L'Europe de la défense en parler c'est bien, mais la faire c'est mieux ! Nous l'avons écrit, avec mes collègues Daniel Reiner pour le parti socialiste et Jacques Gautier pour l'UMP, dans une tribune bipartisane, et sommes les seuls hommes politiques européens à s'être exprimés en faveur de cette fusion... avant qu'elle n'échoue. Nous sommes donc très intéressés de connaître votre version de l'histoire. Cela est d'autant plus important que nous avons mandaté un groupe de travail sur l'Europe de la défense, dont les co-présidents ne sont autres que Daniel Reiner, Jacques Gautier, Xavier Pintat et André Vallini. Ils vont aller à Berlin et poseront cette même question aux responsables allemands.

Deuxième question : la fusion avec BAE avait pour objectif de permettre à EADS d'équilibrer les cycles de l'industrie aéronautique civile par une activité dans le domaine de la défense. Vous avez dit que dit que l'histoire ne repasse pas les plats. Est-ce que cela veut dire que cette stratégie d'équilibre entre les activités civiles et de défense est définitivement abandonnée et que la feuille de route tracée par Louis Gallois dans le plan « vision 2020 » doit être reconsidérée ?

Troisième question : si vous ne rééquilibrez pas les cycles civils avec la défense, comptez-vous les rééquilibrer avec une autre activité ? Ou bien comptez-vous sortir des activités militaires ? En d'autres termes, quelle nouvelle stratégie comptez-vous mettre en oeuvre ?

Quatrième question : y a-t-il un réel intérêt pour les Etats, pour l'Etat français en particulier, d'être au capital d'EADS ? S'il y a une leçon pour nous Français à retenir de l'échec du projet de fusion EADS-BAE, c'est bien que l'Etat allemand a eu plus d'influence en ne détenant aucune action, que l'Etat français qui détenait 15 % du capital. Par les temps qui courent, laisser autant de capitaux improductifs dans les entreprises de défense soulève des questions. L'Etat britannique ne détient aucune action dans BAE, ce qui ne l'empêche pas d'avoir mis en place les procédures juridiques lui permettant de faire prévaloir ses intérêts chaque fois qu'il estime devoir le faire. Qu'en pensez-vous ?

Cinquième et dernière question : nous avons en France, comme dans le reste des pays européens, beaucoup de mal à rassembler les moyens budgétaires nécessaires pour maintenir nos ambitions de défense au niveau adéquat, quoique déjà « juste insuffisant ». De ce fait, nous explorons toutes les pistes. On sait que la voie de la construction européenne est passablement obstruée, ou, pour dire les choses de façon diplomatique, que la relation franco-allemande a connu et connaîtra je l'espère des jours meilleurs. A tel point qu'aujourd'hui, nous serions assurément incapables de construire un nouvel EADS, de projeter un nouvel A400M ni, du reste, simplement d'imaginer quelque projet industriel que ce soit. Quant à la voie britannique, on se demande encore quelles sont les motivations profondes qui ont poussé le Premier ministre à annoncer l'éventualité d'un referendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'Europe. Alors que faire ? Quelle voie nous suggéreriez-vous d'explorer ?

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