Intervention de Tom Enders

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 20 février 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Thomas Enders président exécutif d'eads

Tom Enders, président exécutif d'EADS :

Sur la question de savoir si, compte tenu du SSA, l'Etat a intérêt à rester au capital de l'entreprise, c'est une bonne question. Les Britanniques n'ont jamais déclaré qu'il était important pour eux de détenir autant d'actions que les Français ; ils n'en détiennent pas d'ailleurs ! J'ai essayé, sans succès, de convaincre le gouvernement allemand que le SSA était une excellente chose pour eux car, pour la première fois, il aura des droits sur la société, sans avoir à payer des milliards d'euros pour acquérir 12 % du capital. Pour les pays continentaux, les perceptions sont différentes. L'Etat a semble-t-il besoin de posséder ces actions. Il n'y a pas si longtemps, l'Etat français détenait 100 % du capital de Thales, d'Aérospatiale et de Thomson. C'est un long chemin avec sa part d'émotionnel et nous le comprenons tout à fait.

Est-ce que les Etats seraient encore en mesure d'émettre un veto au projet EADS-BAE ? La réponse est théoriquement oui. Mais il ne faut pas envisager cette question de façon dogmatique. Supposons que Lockheed-Martin veuille fusionner avec Boeing, croyez-vous que son président ne demanderait pas l'avis du Pentagone ? Bien sûr que oui. Le contraire serait inimaginable. Et si le Pentagone manifestait son désaccord, croyez-vous que le président de Lockheed-Martin irait à l'encontre ? J'en doute fort, compte tenu de l'importance du gouvernement américain en tant que client. Donc, sur le fond, cela ne change rien pour EADS : cette influence subsistera. Si nous avons à l'avenir un projet de la même importance que la fusion avec BAE, nous prendrons l'avis des gouvernements. Et cela donne la garantie aux gouvernements que l'entreprise ne fera pas cavalier seul, sans considération des intérêts des Etats dont nous mesurons bien l'importance pour EADS. S'agissant du comité des nominations, un nouveau conseil d'administration sera élu à la fin mars. Ce nouveau conseil élira en son sein un comité d'audit et un comité des rémunérations et des nominations. Ce sont les membres du conseil d'administration qui décident. La composante allemande et française n'est pas pertinente. Nous avons proposé au gouvernement français les noms des deux administrateurs du groupe EADS, qui ont été acceptés. Nous avons fait de même vis-à-vis du gouvernement allemand. Nous avons donc deux membres du conseil d'administration approuvés par le gouvernement français et deux membres d'administration approuvés par le gouvernement allemand.

La concurrence des Chinois : leur avion est très similaire à l'A400M, mais cela ne veut pas dire qu'ils se sont inspirés de nos technologies. Ils ne disposent pas de turbopropulseurs, mais de moteurs à réaction de conception dépassée. Le développement des moteurs en Chine est très en retard par rapport à ce qui est à la pointe du progrès en Europe. Mais nous ne devons pas nous reposer sur nos lauriers. Les Chinois apprennent très vite. Du reste, ce qui est inquiétant ce sont les conditions financières très intéressantes qu'ils proposeront pour leurs avions, pas la qualité. Nous devons donc prendre les Chinois au sérieux. La seule chose qui puisse nous sauver c'est l'innovation. C'est pour cela qu'il ne faut pas supprimer les études amont et le capital d'amorçage. Nous n'attendons pas tout de la manne de l'Etat. Nous consacrons trois milliards d'euros chaque année à la recherche et développement. Mais nous ne pouvons pas tout faire tout seuls. Les entreprises américaines bénéficient d'une manne étatique en matière de défense.

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