Intervention de Pierre Sellal

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 25 juin 2013 : 1ère réunion
Deuxième rapport d'évaluation de l'expérimentation du rattachement du réseau culturel à l'institut français — Audition de M. Pierre Sellal secrétaire général du ministère des affaires étrangères

Pierre Sellal, secrétaire général du ministère des affaires étrangères :

M. Besson a posé la question de la capacité du réseau selon les deux formules (bureau local de l'EPIC ou EAF) à lever des fonds et à verser des subventions. Sur le second point, il est exact que l'Institut français qui serait un bureau local de l'EPIC en aurait la possibilité ; ce n'est pas totalement exclu pour les EAF, mais il y a là un avantage relatif à la formule du rattachement à l'EPIC sur le plan administratif et comptable.

En revanche, on peut être plus dubitatif sur l'intérêt relatif d'un système de remontée des ressources propres vers l'établissement public par rapport à une gestion plus locale. Sur le plan théorique, cela présenterait l'avantage de pouvoir mieux les répartir en fonction de priorité. Dans la réalité, ce que nous observons dans la compétition pour drainer des fonds, c'est que la variable fondamentale c'est l'action des ambassadeurs sur le terrain, leur capacité de convaincre les entreprises à participer au financement de manifestations culturelles. Ils s'y consacrent avec d'autant plus de zèle que l'essentiel du bénéfice reste local. Je crains que si les fonds devaient remonter à l'échelon central, ce zèle se trouve émoussé.

Nous avons tout fait pour dissiper les inquiétudes des alliances françaises. Elles ont été systématiquement un peu mieux traitées que notre propre réseau dans la répartition des crédits et des emplois. Nous avons aussi fait en sorte que dans l'expérimentation la plus stricte neutralité soit assurée, qu'il n'y ait ni privilège, ni pénalisation particulière pour les postes en expérimentation et c'est aussi ce que nous avons demandé à l'Institut français pour l'ensemble du réseau. En réalité, je pense que la crainte de la Fondation Alliance Française est que le traitement ne soit pas équanime dans la répartition des crédits, si le COCAC, également directeur de l'Institut français est placé sous l'autorité directe de l'Institut français (Paris). De ce point de vue, le statut diplomatique apporte un plus de garantie de neutralité et pourrait prémunir contre ce risque.

S'agissant de la capacité de l'Institut français à gérer l'ensemble du réseau, il y a une incertitude. Aujourd'hui, l'Institut français n'est pas doté de cette capacité, sa direction des ressources humaines, ses services financiers, comptables, juridiques, ne sont pas outillés pour affronter ce qui serait un changement absolu d'échelle, passant de 150 à 7000 salariés, mais aussi un changement de nature puisqu'une agence de mission, de conception de projets culturels, se transformerait en une administration de gestion. En serait-il capable ? Je ne le sais pas. Il y a là une incertitude.

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