Amiral, soyez le bienvenu parmi nous pour cette audition dont l'objet est d'éclairer la représentation nationale sur les choix budgétaires du projet de loi de finances pour 2013.
Nous avons auditionné la semaine dernière le ministre de la défense qui nous a apporté une vision globale du budget de son département. Avec vous, il semble que nous ayons été entendus pour présenter un budget d'attente.
En votre qualité de responsable budgétaire, vous êtes directement en charge du programme 178 « préparation et emploi des forces », et vous êtes co-gestionnaire, avec M. Laurent Collet-Billon, délégué général pour l'armement, du programme 146 « équipement des forces ». Ensemble, ces deux programmes représentent 90 % de l'effort de défense de notre pays.
Nous souhaiterions donc que vous donniez votre sentiment sur l'évolution de ces deux programmes, et des choix qu'ils reflètent.
Nous avons beaucoup de sujets de préoccupation. Pour ne citer que les plus importants : la sous-estimation quasi chronique des rémunérations et charges sociales, les coûts de fonctionnement des bases de défense, les coûts de maintenance, la préparation opérationnelle. Je pourrais ajouter les déficits capacitaires en dépit de quelques annonces, en particulier sur les ravitailleurs. Mais nous attendons toujours la décision sur les drones MALE ou de suppression des défenses anti aériennes. Les rapports que nous avons publiés en juillet dernier en font une analyse exhaustive très inquiétante.
Nous souhaiterions également que vous nous fassiez part de vos réflexions sur l'évolution des choix capacitaires effectués et à venir. Vous avez dit, il y a peu de temps, qu'en « termes de capacités, la traduction intégrale de l'ambition politique qui nous a été fixée, n'est plus tenable ». Et par capacités, vous entendez à juste titre la combinaison d'un équipement, d'un savoir-faire et du personnel qui le met en oeuvre.
Cela nous renvoie à la commission du Livre blanc et à la future loi de programmation militaire (LPM). Les choix sont inévitables mais aucun n'est bon puisque nous devrons vraisemblablement réduire un format « juste insuffisant ». La trajectoire de la LPM précédente est devenue théorique mais les programmes, eux, s'inscrivent dans le temps long. Quelles sont les conséquences sur les programmes de la stabilisation des crédits inscrits dans la loi de programmation des finances publiques, un peu supérieurs à trente milliards d'euros ?
Ce sera au politique de décider du niveau d'ambition que nous retenons pour notre pays et aux militaires de le mettre en oeuvre. Comme ne cesse de le rappeler le président de notre commission, de notre sécurité et de notre défense dépend la bonne marche de l'ensemble des autres secteurs d'activité. La mission que vient d'effectuer notre commission à l'ONU permet de mesurer à quel point l'influence et le rayonnement de notre pays reposent, bien sûr sur notre diplomatie, mais aussi sur notre puissance militaire et notre contribution au maintien de la paix. Diminuer nos moyens militaires, c'est diminuer notre place dans le monde, c'est perdre en crédibilité internationale. L'idéal serait bien sûr de fixer un seuil minimal d'investissement pour la période de crise et de l'augmenter quand nous connaîtrons des jours meilleurs.
Nous souhaitons également vous entendre sur l'engagement de nos forces. Sortant un peu du strict cadre budgétaire, nous souhaiterions donc que vous nous fassiez un point de situation sur les différentes opérations en cours et leurs perspectives d'évolution. Comme vous le savez, le Sénat consacrera un débat en séance publique le 20 novembre sur le retrait et la coopération en Afghanistan.
Je terminerai précisément sur la coopération et notamment avec nos amis britanniques. Nous avons tenu la semaine dernière la quatrième réunion du groupe de travail qui réunit les quatre commissions chargées de la défense. Nous avons été frappés par la très forte volonté britannique, au niveau politique comme à celui de votre homologue, le général Richards, pour pousser notre coopération bilatérale, sans exclure, sous certaines conditions, de l'ouvrir à d'autres. Cette volonté repose aussi sur la constatation de retrait américain d'Europe. Nous partageons bien sur cette volonté qui doit s'inscrire dans le long terme et justement je me dois de vous interroger sur les perspectives de l'un des projets forts qu'est « ONE MBDA » et la filière missilière commune avec, en particulier, le missile anti navire léger.
Monsieur le Chef d'état major, je vous passe la parole avant de laisser les autres rapporteurs du programme 178 et du programme 146 vous poser leurs questions.