S'agissant du LRU, il sera livré en 2014. Concernant le rapport au temps, celui-ci intervient de façon importante en matière stratégique et se décline de plusieurs façons, la première étant la prospective. Quelle sera la menace dans vingt ans ? Or, il n'existe pas en France de structure suffisamment développée pour faire de la prospective efficace. Il y a bien les Directions des les affaires stratégiques du ministère de la défense et des affaires étrangères, mais elles n'y suffisent pas. La Commission du Livre blanc avait comme horizon temporel - c'est dans sa lettre de mission - vingt à trente ans. Mais comment tout prévoir ? Les résurgences existent. L'improbable à court terme - par exemple un conflit conventionnel en Europe - peut redevenir probable à moyen-long terme. C'est pour cela qu'il faut éviter les abandons de capacités et prévoir la réversibilité des décisions d'équipement. Malheureusement, comme nous sommes déjà très bas, on va perdre des capacités et les réacquérir sera très difficile. Où va-t-on terminer ? Cela va dépendre de nos ambitions. Il faudra qu'on nous donne des indications précises sur la projection, en fonction du triplet : quantité/qualité, durée, élongation.
J'attends les choix qui seront faits dans le cadre de la Commission du Livre blanc. Mais cela risque de se traduire par des abandons temporaires et non pas par des réductions temporaires. D'où la nécessité de mutualiser. Cela veut dire qu'on se repose entièrement sur un allié, il nous faut donc des garanties en termes d'accès à la capacité, d'instantanéité et de réciprocité. Si j'estime avoir besoin tout de suite de la brigade franco-allemande pour faire face à un péril imminent, je ne peux pas attendre l'autorisation du Bundestag.
En ce qui concerne le Mali, nous avons arrêté notre coopération militaire en janvier dernier et l'avons reprise la semaine dernière. Le problème est que l'armée malienne a perdu la quasi-totalité de son encadrement supérieur et que cela prend du temps à reconstruire. De plus, l'identification de l'ennemi à combattre ne paraît pas toujours la même vu d'Europe et vu du Mali.