Intervention de Amiral Edouard Guillaud

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 10 octobre 2013 : 1ère réunion
Projet de loi de finances pour 2014 — Audition de l'amiral guillaud chef d'état-major des armées

Amiral Edouard Guillaud, chef d'état-major des armées :

Si aujourd'hui, aucun pays dans le monde ne remet en cause la position de la France comme membre permanent du conseil de sécurité des Nations unies avec droit de veto, c'est à la fois en raison de l'héritage des valeurs que porte la France, de son influence, notamment par le biais de la francophonie de ses armées et de sa dissuasion nucléaire, C'est aussi dû au fait que, de façon ininterrompue, elle a assumé ses responsabilités internationales, et s'est mêlée aux affaires du monde, en intervenant sous la bannière des Nations unies et en dehors. Si nous conservons cette ambition, cette capacité de s'engager, en 2025, la France sera toujours membre permanent du conseil de sécurité des Nations unies.

S'agissant de la charge de la masse salariale en l'absence de déflation d'effectifs, probablement que nous aurions été obligés d'avoir un budget de la défense représentant un pourcentage plus élevé du PIB. En 2008, on nous a forcés à entrer en déficit dans la loi de programmation. Bercy ne nous a autorisé qu'un niveau de masse salariale correspondant à un effectif inférieur à la réalité de 1 500 postes, pour nous inciter à être vertueux. Il y avait en contrepartie dans la LPM une clause de sauvegarde : « vous gérez en effectifs vos RH, il y aura abondement de la masse salariale si vous respectez vos effectifs, et si c'est nécessaire ». Cette clause n'a jamais été honorée. Depuis lors, on commence l'année avec un déficit supérieur à 100 millions d'euros. Je voudrais souligner qu'il n'y a aucune administration qui ait consenti un effort aussi grand. Le directeur du budget l'a lui-même reconnu hier devant la commission des finances du Sénat lors d'une audition. En Espagne, la réduction du budget jusqu'à 0,75% du PIB depuis 5 ans fait que les rémunérations et charges sociales représentent 70% du budget. Si nous n'avions pas réduit les effectifs, nous n'aurions pas pu acquérir les équipements dont nous avons besoin et nous aurions perdu notre autonomie de choix des équipements, avec les conséquences industrielles que cela peut induire y compris en termes d'emplois.

Sur les « retombées » économiques des OPEX, nous ne sommes pas allés jusqu'à intégrer systématiquement comme les Américains dans l'ex-Yougoslavie des chefs d'entreprises dans les réservistes sur le terrain. Ce n'est pas dans notre culture et nous n'aurions pas pu sans doute leur offrir des rémunérations suffisantes. Il y a une continuité et une coordination à assurer qui relèvent plutôt de l'action diplomatique, « la diplomatie économique ». Les armées ne sont qu'une partie d'un instrument global, qui implique au premier chef les affaires étrangères, l'industrie....

Les Américains ont conduit des opérations très complexes en Libye et en Somalie, ils n'ont pas utilisé de drones pour attaquer afin d'éviter des dommages collatéraux.

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