Intervention de Pierre Bernard-Reymond

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 10 octobre 2012 : 1ère réunion
Situation en syrie — Audition de se. M. Alexandre Orlov ambassadeur de la fédération de russie

Photo de Pierre Bernard-ReymondPierre Bernard-Reymond :

Nous étions nombreux à penser que la Russie post soviétique allait se rapprocher de ses origines historiques et bâtir un partenariat avec l'Europe. Ce que nous voyons aujourd'hui et qui nous interpelle est qu'au contraire la Russie se rapproche de la Chine et délaisse l'Europe. Qu'en pensez-vous ?

S. Exc. Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie - C'est une question essentielle. Nous les Russes avons eu les mêmes attentes et nous pensions qu'une fois débarrassés du régime soviétique, l'Europe nous recevrait à bras ouvert. Ça n'a pas été le cas et nous avons été très déçus. Nous avons bien compris que certains ne veulent pas de la Russie en Europe. Ceux qui n'en veulent pas, ne veulent pas de monde multipolaire. Nous avons les ressources naturelles qui vous manquent et vous avez les technologies qui nous font défaut. Nos économies sont complémentaires. Mais nous butons sur des problèmes ridicules. Regardez les visas, c'est un problème, alors que nous avons adopté les mêmes passeports biométriques que vous. Ce qui manque cruellement, c'est la volonté politique. On ne veut pas de nous en Europe. Regardez le gaz, de quoi parle-t-on ? Si l'Europe importe 20 % de ses besoins en gaz russe ce serait une catastrophe pour certains. Mais c'est faux ! Quand une société russe essaie d'acheter une société française, c'est une catastrophe. Je suis absolument navré de cette grande division entre la Russie et le reste de l'Europe. J'ai beaucoup réfléchi à cette question et si on essaie de remonter à la source, on trouve la division entre l'église catholique et l'église orthodoxe, les chevaliers polonais et teutoniques... Si on nous pousse dans les bras de la Chine, nous irons. Mais vous devez réfléchir aux puissances émergentes et dire qui sont vos alliés. Pour la Russie c'est très clair. Dans le discours d'investiture du Président Vladimir Poutine, la création d'un espace économique et humain commun entre la Russie et l'Europe apparaît comme une priorité. Cela ne veut pas dire l'intégration de la Russie dans l'Union européenne. Cela veut dire la négociation d'une sorte de Traité de Rome entre vous et nous.

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