Intervention de Jean de Gliniasty

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 15 décembre 2011 : 1ère réunion
Audition de M. Jean de Gliniasty ambassadeur de france en russie

Jean de Gliniasty, ambassadeur de France en Russie :

La France a soutenu l'adhésion de la Russie à l'OMC. L'avantage économique est assez faible pour la Russie qui, actuellement, n'a aucun mal à attirer les investissements étrangers compte tenu de ses bons indicateurs économiques. L'adhésion à l'OMC est pour elle une question d'image, un choix politique qui conforte sa place dans la communauté internationale. Lorsqu'elle était en dehors de l'OMC, elle pouvait protéger son industrie, désormais nos entreprises vont bénéficier du démantèlement de certaines normes artificielles et anticoncurrentielles.

A ma connaissance, la Russie ne subventionne pas son agriculture, du moins très peu. L'agriculture russe est très désorganisée. C'est un poste d'exportation en Russie important pour nous. L'adhésion à l'OMC va permettre d'éliminer certaines réglementations phytosanitaires qui empêchaient nos exportations dans le domaine agricole et agro-alimentaire.

Dans le secteur bancaire, l'opération la plus importante est le rachat de près de 80% du capital de la banque de dépôt Rosbank (10ème rang) par la Société générale.

La question de la Géorgie est devenue un sujet mineur dans la presse et dans l'opinion publique russes. Grâce à l'action de la Suisse et des occidentaux, une solution a pu être trouvée sur la circulation des marchandises entre la Russie et la Géorgie à travers l'Abkhazie ce qui a permis à la Géorgie de lever son veto à l'adhésion de la Russie à l'OMC.

Les Russes sont conscients des risques pour les jeux Olympiques de Sotchi. Le danger ne viendra pas de la Géorgie. En revanche, la situation dans le nord du Caucase (Ingouchie, Daghestan) est source d'inquiétude. Pour la première fois, outre une action sécuritaire, un effort est fait pour ces régions à travers un grand projet de développement touristique, auquel la France apporte une expertise.

L'analyse de la situation de la démographie en Russie est, dans la presse occidentale, bien sommaire. La Russie ne se distingue pas de la majorité des pays européens par son taux de croissance démographique, la divergence concerne le taux de mortalité qui est élevé en raison du nombre de morts causées chaque année par les accidents de la circulation routière (30.000), la consommation de drogue (30.000), et d'alcool (non chiffré mais très élevé), le mauvais état du réseau sanitaire. Vladimir Poutine a pris les choses en main, avec de premiers résultats en matière de sécurité routière par une répression plus sévère des infractions au code de la route, sur la drogue et l'alcool (c'est sans doute plus difficile), et en engageant des moyens massifs pour restaurer le système de santé. C'est le troisième étage de la lutte anti-crise : les banques, ensuite, l'économie réelle, enfin, le système social. A terme, la population de la Russie devrait d'ici quelques années se stabiliser autour de 140 millions d'habitants.

Gorbatchev n'a que peu d'influence, il jouit dans l'opinion publique russe qui lui impute la fin de la puissance soviétique, de moins de crédit qu'en Occident.

Le Russie fera sans doute son possible pour régler la question de la Transnistrie qui est devenue une condition de l'instauration d'un dialogue régulier de haut-niveau avec l'Union européenne. Smirnov est largement déconsidéré. Les Russes ne le soutiennent plus. Une solution de retour de la Transnistrie à la Moldavie avec en contrepartie un système fédéral et la garantie de la Russie est envisageable.

La question de la durée de l'ère Poutine est difficile à évaluer. L'évolution de l'opinion publique devient un facteur important. La difficulté vient aussi du fait que ni au sein de l'équipe actuellement au pouvoir, qui agit dans une certaine collégialité, ni dans l'opposition, aucune personne n'est mise en avant pour préparer une relève.

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