Je reviens d'Ouzbékistan, où les autorités s'inquiètent du retrait des forces d'Afghanistan. La Chine est-elle intéressée par cette partie de son voisinage, et pourrait-elle déstabiliser l'Asie centrale au moment de ce retrait, du fait de ses nombreux investissements dans la zone ? Quelle est son attitude vis-à-vis du monde arabo-musulman ?
Professeur François Godement - Je ne pense pas que la Chine intervienne militairement dans cette région, j'opte plutôt pour un renforcement des relations avec la Russie via l'Organisation de Shanghai, ou avec certains pays de la zone, comme le Turkménistan, avec qui des relations économiques et pétrolières ont été développées. La Chine a un intérêt profond à la stabilité, je ne pense pas que le retrait change la donne, d'autant plus que les Chinois s'y sont préparés, par exemple en envoyant des émissaires dans les zones tribales.
Ils sont certes inquiets sur les forces religieuses, leur analyse est fondée, par exemple au Moyen-Orient, sur le rejet des Frères musulmans, donc il est probable que ces États d'Asie centrale, appuyés sur des bureaucraties, les rassurent.