Intervention de Alain Juppé

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 25 octobre 2011 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2012 — Audition de M. Alain Juppé ministre d'etat ministre des affaires étrangères et européennes

Alain Juppé, ministre d'Etat :

La situation au Sahel est très préoccupante. Le conflit en Libye a sans doute favorisé le transfert dans cette région d'armes dangereuses comme des missiles sol-air, et le repli d'éventuelles recrues d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Aux efforts financiers consentis en 2010 et 2011 pour sécuriser cette région viendra s'ajouter en 2012 le plan de renforcement des capacités nigériennes. La coopération structurelle de long terme, quant à elle, vise à rendre ces pays capables de se stabiliser. En 2011, la coopération de sécurité et de défense a mobilisé 2,3 millions d'euros et huit coopérants en Mauritanie, 4,4 millions et dix-neuf coopérants au Mali, 4,3 millions et dix-sept coopérants au Niger. Nous encourageons la coopération interrégionale, malgré les résistances du Mali. L'Algérie a organisé un sommet à ce sujet il y a quelques semaines, mais des efforts restent à faire.

S'agissant des contributions de la France aux budgets des organisations internationales, 76 de ces contributions ont déjà été transférées à d'autres ministères depuis 2008, pour un montant de 25,6 millions d'euros. Ce transfert est donc presque achevé. Les discussions relatives à la contribution à l'Assemblée parlementaire de l'Otan sont en bonne voie avec l'Assemblée nationale et le Sénat, puisque M. le président Accoyer a déjà donné son accord. En revanche, nous nous sommes heurtés au refus de Bercy s'agissant du transfert du budget des pensions et de l'ajustement fiscal des pensions des organisations coordonnées.

Suivant les orientations du Livre blanc, la France a fait le choix de conserver un réseau diplomatique et consulaire à vocation universelle, le deuxième au monde après celui des Etats-Unis : 160 ambassades, 17 missions multilatérales et plus d'une centaine de consulats généraux. Pour plus de clarté, nous avons distingué 30 ambassades à missions élargies - dont 8 à format d'exception -, une centaine d'ambassades à missions prioritaires, et 30 postes de présence diplomatique. On pourrait envisager de supprimer ces derniers, mais elles représentent 1 % seulement des crédits de fonctionnement de la mission. Le jeu en vaut-il la chandelle ? Même à l'heure d'internet, la présence d'une ambassade dans un pays est source de rayonnement. Peut-être faudra-t-il un jour réduire notre présence dans le monde, mais ce n'est pas le choix que je défends aujourd'hui.

Il faut d'ailleurs mesurer les efforts de productivité réalisés par nos consulats. A Shanghai, un agent français traite 7 000 demandes de visa par an, quand la moyenne européenne est de 4 000. Je tiens à cet égard à rappeler que si un agent consulaire représente évidemment un coût pour l'Etat, les visas qu'il délivre engendrent en revanche un gain net de 200 000 euros pour l'Etat ! Il faut aussi préserver l'influence et l'attractivité de la France. A Shanghai, si la queue pour obtenir un visa est trop longue, les touristes chinois se tournent vers le consulat d'Allemagne et prennent un vol pour Berlin ou Francfort !

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