Intervention de Alain Juppé

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 25 octobre 2011 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2012 — Audition de M. Alain Juppé ministre d'etat ministre des affaires étrangères et européennes

Alain Juppé, ministre d'Etat :

Le SEAE n'est en place que depuis dix mois : il est trop tôt pour juger des conséquences pour la politique étrangère de l'Europe et de la France. Encore une fois, nous veillons à ce que des diplomates français occupent des postes de responsabilité, y compris dans les délégations européennes, et nous obtenons de bons résultats malgré la rude concurrence des Britanniques, dont la foi européenne semble pourtant chancelante, mais qui excellent à placer leurs diplomates... Pour l'heure, l'impact sur notre diplomatie est plus politique que budgétaire. Je ne suis pas aussi sévère que beaucoup avec la Haute représentante, Mme Ashton, qui s'est beaucoup impliquée au Proche-Orient, et qui a toujours respecté au sein du Quartet la feuille de route délivrée par le Conseil européen ou le conseil des ministres, malgré certaines pressions... On lui reproche parfois son manque de réactivité, mais c'est qu'elle doit recueillir l'accord des Vingt-sept avant de prendre position. Aujourd'hui elle ne peut même pas s'exprimer au nom de l'Union, car les Britanniques réclament qu'elle le fasse toujours aussi au nom des vingt-sept Etats membres... La diplomatie européenne reste balbutiante !

S'agissant de l'Audiovisuel extérieur de la France, Madame Garriaud-Maylam, vous seriez surprise que je ne souhaite pas son retour sous la tutelle de mon ministère. L'inspection générale des finances doit bientôt rendre un rapport sur son fonctionnement : ce sera l'occasion de prendre des décisions structurelles.

Vous m'avez aussi interrogé sur France 24. Faut-il financer une chaîne en arabe et en anglais par de l'argent public ? Je suis partagé. Tout dépend de la capacité de France 24 à exprimer dans ces langues une vision spécifique du monde et de la politique étrangère - sans pour autant se faire « la voix de la France », car les rédactions sont libres. En arabe, il est peu douteux que la chaîne exprime une vision différente de celle d'Al-Jazira ; l'audience des programmes en arabe est d'ailleurs en hausse. Mon directeur de cabinet me fait savoir qu'en Inde, France 24 fait aussi entendre une autre tonalité que la BBC ou Deutsche Welle. (M. Robert del Picchia renchérit) Quant à la chaîne TV5, elle est souvent critiquée, mais elle est diffusée partout dans le monde.

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