Intervention de Alain Juppé

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 25 octobre 2011 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2012 — Audition de M. Alain Juppé ministre d'etat ministre des affaires étrangères et européennes

Alain Juppé, ministre d'État :

En réponse à la question de M. Jean-Pierre Chevènement concernant la Libye, je signale que M. Moustapha Abdeljalil a aussi indiqué que l'Islam libyen était un Islam modéré. En outre, il convient de rappeler que la référence à l'Islam figure dans les constitutions de tous les pays arabes. Mais comme je l'ai dit, nous resterons bien entendu vigilants, la polygamie étant, par exemple, incompatible avec notre conception de la dignité de la femme et de l'égalité entre les sexes.

S'agissant de la Tunisie, il fallait d'abord saluer la bonne nouvelle que constitue la tenue de ces élections, les premières depuis longtemps dans des conditions démocratiques avec une participation de plus de 80 %. Dans ces conditions, je me demande au nom de quoi nous serions fondés à nous substituer au peuple tunisien pour décider pour quoi il doit voter ou ne pas voter. Il apparaît à ce stade que les résultats sont favorables au parti islamique -terme plus approprié que celui d'islamiste - Ennahda, qui n'obtiendrait pas la majorité absolue mais exercerait le pouvoir dans le cadre d'une coalition. Quant à la question de fond, sur laquelle j'ai encore eu, récemment, l'occasion de réfléchir et de débattre à l'Institut du monde arabe avec Gilles Kepel, spécialiste du Proche-Orient et du neuf-trois, c'est la même que celle de savoir s'il faut par exemple stigmatiser les Frères musulmans en Égypte. La réponse est qu'il existe dans ces mouvements des hommes et des femmes qui sont attachés aux principes tels que l'alternance démocratique ou le respect de la femme, à la différence d'autres tendances extrémistes ou salafistes. Notre action doit consister, avec ceux qui partagent un certain nombre de nos valeurs, à être particulièrement vigilants vis-à-vis des autres. Cette question ne se posera pas seulement en Tunisie, mais aussi en Egypte ou en Syrie. Nous devons bien entendu poursuivre nos relations avec les forces politiques démocratiques ou laïques aux sens où nous l'entendons, mais nous devons aussi prendre en compte ces réalités. D'ailleurs, M. Amr Moussa, l'un des favoris de l'élection présidentielle égyptienne me faisait remarquer que dans son pays, les Frères musulmans représentaient environ 30 % des voix. De même vous savez qu'il existe au Maroc un parti islamique qui détient plus de trente sièges à la Chambre des représentants.

En réponse à M. Daniel Reiner, il convient tout d'abord de rappeler que deux millions et demi de Français vivent à l'étranger et qu'à chaque fois qu'un ministre des affaires étrangères se déplace dans un pays il rencontre cette communauté. Il était donc utile qu'un secrétaire d'Etat chargé des Français de l'étranger soit en charge d'assurer ce lien.

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