Le retrait des forces combattantes françaises d'Afghanistan au cours de l'année 2012 n'a pas suscité de tensions avec nos alliés, en particulier grâce à la manière dont le Président de la République a traité ce sujet, notamment lors de son entretien avec le Président Barack Obama juste avant le Sommet de Chicago. Les contacts pris avec nos alliés, notamment par le ministre de la défense et ses conseillers, ont également permis d'aplanir d'éventuelles réactions. Enfin, nous avons communiqué très tôt à l'OTAN et à nos alliés notre plan de retrait, si bien que personne n'a été pris au dépourvu. Sur le terrain, les choses se passent également très bien, tant du point de vue de nos relations avec les Afghans, qu'avec nos alliés ou les pays de la région. Du point de vue des équipements, environ 62 % ont été rapatriés fin décembre, et l'ensemble du matériel devrait avoir été rapatrié avant l'été.
A quoi sert l'OTAN ? Il existe presque autant de réponses à cette question que de pays alliés.
A nos yeux, l'OTAN présente surtout l'avantage de servir de « boite à outil » pour intervenir avec nos alliés lors d'opérations de gestion de crise, comme nous avons pu le constater lors de l'opération en Libye. La « machinerie » de l'OTAN, pour reprendre la formule du Premier ministre britannique, c'est-à-dire la possibilité de recourir aux structures de commandements intégrés, représente pour nous une réelle utilité.
Compte tenu de notre histoire, de notre doctrine et de nos capacités propres, en particulier du rôle de la dissuasion, nous ne comptons pas sur l'OTAN pour la protection de notre territoire. Cela ne veut pas dire pour autant que nous ne sommes pas pleinement solidaires de nos alliés, et nous contribuons à la défense collective de l'Alliance.
A notre sens, la nouvelle stratégie américaine de rééquilibrage vers la zone Asie Pacifique représente une réelle opportunité pour un partage plus équitable des responsabilités entre américains et européens, qui elle-même est nécessaire, comme je l'ai indiqué, à l'avenir de l'OTAN. Cette vision n'est cependant pas partagée par tous nos partenaires européens, et certains, pour des raisons qui tiennent à leur histoire et à la géographie, s'inquiètent de cette nouvelle stratégie américaine et craignent comme un abandon un éventuel désengagement américain du continent européen. On peut cependant penser que c'est davantage l'écart croissant entre l'effort de défense des Etats-Unis et celui des Européens qui risque de menacer l'OTAN et la garantie américaine, compte tenu des critiques croissantes au sein de la classe politique et de l'opinion américaine, le contribuable américain n'acceptant plus de payer pour assurer la défense des Européens.
A cet égard, il est intéressant d'entretenir un dialogue étroit avec des pays comme la Pologne, qui, comme nous d'ailleurs, est très attaché à l'OTAN et à la relation transatlantique, tout en jouant un rôle très important et constructif pour l'Europe de la défense.
S'agissant, Monsieur le Président, des effectifs de la représentation permanente de la France auprès de l'OTAN, il est vrai que le plein retour de la France au sein du commandement militaire intégré et des structures et organes de l'OTAN ne s'est traduit que par la création d'un seul poste de diplomate supplémentaire. Je peux compter sur une équipe de collaborateurs - diplomates, militaires ou ingénieurs de l'armement - de remarquable qualité, mais je ne vous cacherai pas qu'ils doivent faire face à une charge de travail considérable, assimilable à une forme de sacerdoce, et qu'une augmentation de nos effectifs nous permettrait d'être encore davantage présents et actifs, et donc de renforcer notre place et notre influence au sein de l'OTAN. Je sais cependant quelles sont les contraintes qui pèsent sur ces décisions.
La force de réaction de l'OTAN (NRF) joue un rôle très important qui est appelé à se renforcer avec le retrait d'Afghanistan. L'opération en Afghanistan avait permis de renforcer sur le terrain l'interopérabilité entre les différents contingents. Dans l'avenir immédiat, c'est la force de réaction de l'OTAN qui devrait permettre de conserver cette interopérabilité. C'est le souhait partagé du Secrétaire Général de l'OTAN, des Américains, des Britanniques, de la France et d'autres. C'est l'un des sujets qui sera traité par la prochaine réunion ministérielle.
Enfin, au-delà des contingences quotidiennes, comment définir une vision française de l'OTAN, une vision de la France pour l'OTAN ?
Une richesse sur laquelle nous appuyer est notre capacité à sortir d'une vision repliée sur nous-mêmes, à avoir un dialogue constant avec nos partenaires, mais aussi avec le Parlement, les « think tanks », et à mener des exercices de réflexion, tels que ceux menés au sein de la commission chargée d'élaborer le nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale.