Intervention de Roger Karoutchi

Réunion du 10 juillet 2014 à 14h00
Réforme ferroviaire — Article 5 bis

Photo de Roger KaroutchiRoger Karoutchi :

Globalement, pour ce qui concerne le chef de filat ou les gares, ces amendements ne changeront pas l’ordre du monde.

Ce qui m’étonne régulièrement – je ne vous vise pas spécialement, monsieur le secrétaire d’État : les gouvernements précédents, y compris de droite, avaient la même attitude –, c’est que les gouvernements, l’État, croient toujours qu’ils sont plus sociaux que les élus régionaux.

Le discours sous-entendu est le suivant : on ne voit pas pourquoi on donnerait des compétences et des capacités à des élus régionaux qui risquent de provoquer un drame absolu s’ils disposent d’une quelconque maîtrise.

Pour ma part, monsieur le secrétaire d’État, j’ai été membre du STIF et je préside la commission des finances, de la contractualisation et de l’administration générale de la région d’Île-de-France.

Nous n’avons n’a pas attendu l’État pour mettre en place des dispositifs complémentaires d’aides aux déplacements en Île-de-France !

Nous n’avons pas attendu l’État pour mettre en place des systèmes beaucoup plus performants que la tarification nationale en direction des personnes âgées et des publics fragiles !

Je ne comprends pas ce raisonnement selon lequel on refuse de donner telle ou telle compétence aux régions au motif que ce serait une remise en cause terrible de toutes les mesures prises antérieurement et de la tarification sociale nationale ! Pourquoi les élus régionaux seraient-ils d’horribles monstres qui voudraient remettre en cause les dispositifs existants ?

À la région, les groupes de gauche comme de droite ont fait des efforts et pris des décisions socialement plus avancées que celles qui venaient de l’État.

On me rétorquera que la région d’Île-de-France dispose de davantage de moyens que les autres. Certes, mais enfin nous l’avons fait !

Si nous considérons les bases, pourquoi craindre constamment que les élus régionaux soient moins-disant que l’État sur le plan social ?

Dans ces conditions, j’estime que le Gouvernement pourrait lâcher un peu la bride aux élus des régions et les laisser décider davantage. Après tout, ces derniers connaissent probablement mieux que l’autorité nationale les besoins en termes de transport, de déplacements pendulaires, ainsi que ceux des voyageurs. Ils savent comment mener les discussions entre région et département pour obtenir des cartes supplémentaires et des tarifications. Laissez-nous faire !

On sait faire, et on ne fait ni moins bien, ni plus mal, ni plus antisocial que le Gouvernement.

S’agissant du matériel roulant, qui est l’un de mes dadas, je pourrais l’évoquer pendant vingt minutes...

Je veux bien que l’on parle de bien de retour ou de reprise, mais cela m’amuse... Je prie mes collègues qui ont déposé des amendements sur ce sujet de m’en excuser. Considérant que celui de M. Filleul est plus cadré et complet que les autres, c’est celui que je voterai.

Cela étant, on dit aux braves régions, qui ont payé ce matériel et le mettent à la disposition de la SNCF pour qu’elle l’utilise : « Rendez-vous compte ! Quel avantage considérable : le jour venu, il s’agira d’un bien de reprise ! » §Mais que vous voulez que le conseil régional d’Île-de-France fasse des « petits gris » ? Que voulez-vous qu’il fasse du matériel roulant qu’il reprend ?

Je veux bien que l’on considère le matériel roulant comme un bien de reprise... Mais enfin, nous n’allons pas le vendre ! Nous sommes bien contents de savoir, en façade, que cette possibilité existe, mais il est évident que ce matériel est à la disposition de l’autorité organisatrice. Même si nous l’avons largement subventionné et si nous sommes ravis de savoir qu’il constitue un bien de reprise ou de retour, tout cela est symbolique, car nous n’avons pas la capacité d’en faire autre chose que de le laisser à la disposition de l’autorité organisatrice.

Franchement, monsieur le secrétaire d’État, le Gouvernement devrait s’efforcer de faire davantage confiance aux régions !

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