Intervention de Fayez Tarawneh

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 18 juin 2014 : 1ère réunion
Audition de M. Fayez Tarawneh chef de la cour royale hachémite de jordanie

Fayez Tarawneh :

Merci, Monsieur le Président, pour ces paroles et pour votre accueil. Permettez-moi d'abord, en retour, de vous transmettre, ainsi qu'à la commission dans son ensemble, les salutations de Sa Majesté le Roi Abdallah II. Comme vous l'avez souligné, la Jordanie et la France entretiennent des relations très fortes, et très confiantes, dans de nombreux domaines. Nous apprécions à sa juste valeur l'appui politique, moral et financier que nous accorde votre pays, y compris par le canal de l'Union européenne. C'est d'ailleurs grâce au soutien français que la Jordanie a été l'un des premiers États du Proche-Orient à signer un accord de partenariat avec l'Union européenne.

Je répondrai aux questions que vous avez bien voulu me poser en commençant par évoquer la situation interne de la Jordanie. Les Jordaniens vivent sans prêter une attention excessive à ce qui se passe autour d'eux dans la région. Notre pays est un pays paisible, dont l'économie et la vie politique fonctionnent normalement, en dépit du contexte régional difficile que vous savez.

En matière économique, un programme de réformes est en cours. La Jordanie a des projets pour le développement de son industrie, notamment dans le domaine des phosphates. Sa Majesté le Roi Abdallah II a inauguré, voici un mois, un important centre d'investissements.

Au plan politique, environ le tiers de notre programme de réformes constitutionnelles a été mis en oeuvre. La Jordanie, au lendemain de son indépendance, a été l'un des premiers pays arabes à se doter d'un Parlement, organisé suivant le principe bicaméral. Notre pays constitue une monarchie héréditaire constitutionnelle. Nous espérons qu'il connaisse, un jour, une vie politique pleinement démocratique, régie par le pluralisme politique, mais il n'est pas encore mûr, aujourd'hui, pour une telle évolution.

Le « printemps arabe », depuis quatre ans, a fortement déstabilisé des pays voisins du nôtre, dont l'Égypte et la Syrie. L'Irak, pour sa part, est instable depuis la chute du régime de Saddam Hussein. La Jordanie, bien que située, de ce point de vue, dans l'oeil du cyclone, parvient à préserver sa stabilité. Cette situation semble faire l'admiration des chefs d'État et de gouvernements qui, lorsqu'ils nous rendent visite, nous interrogent systématiquement sur la clé de cette stabilité que nous parvenons à maintenir au milieu même des crises de la région. Cette clé, c'est la société jordanienne, qui est très homogène, et par conséquent très soudée, au contraire, notamment, des sociétés irakienne, libyenne ou syrienne.

La Jordanie, du reste, est un modèle de cohabitation harmonieuse entre musulmans et chrétiens. Ces derniers représentent 2 % à 2,5 % de la population du pays, mais notre Constitution leur garantit des quotas de représentants, au sein du Gouvernement et au Parlement, trois fois supérieurs à cette proportion.

Bien sûr, nous connaissons des manifestations traduisant un mécontentement populaire ; nous avons même assisté, il y a deux ans, à de grandes manifestations. Mais un gouvernement peut rarement satisfaire toutes les exigences d'un peuple... Consigne a été donnée aux forces de l'ordre de traiter les manifestants d'une manière pacifique, contrairement à ce que l'on a observé dans certains pays touchés par le « printemps arabe ».

Quant aux relations de la Jordanie avec la communauté internationale, nous les voulons fondées sur le respect du droit.

Cela étant, nous subissons de plein fouet, aujourd'hui, les conséquences de la crise en Syrie, dont les réfugiés sont venus s'ajouter à ceux que la Jordanie avait déjà accueillis, par le passé, en provenance de la Palestine et de l'Irak. Compte tenu de ces affluences successives, les réfugiés sur le sol jordanien représentent actuellement, au total, 1,4 million de personnes, soit, non pas 10 %, mais 20 % de notre population. Une minorité de ces réfugiés, de l'ordre de 10 % à 20 %, se trouve dans des camps, mais la plupart d'entre eux vivent dans nos villes et nos villages, avec la population jordanienne, et ils y disposent des mêmes droits que cette dernière.

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