Nous sommes là devant un problème collectif. J'ai pu encore récemment sonder des parlementaires et des militaires allemands, je retire de nos discussions cette remarque de fond, que je crois partagée : tant que les chefs des États européens ne cèderont pas une petite partie de leur prérogatives constitutionnelles en matière de défense, l'Europe de la défense n'avancera pas. Je le dis en Européen convaincu, nous avons là une question décisive.
Sur le partage du fardeau, je crois que nous devons tordre le cou à quelques idées reçues qui ont la vie dure, je m'y attèle avec Josette Durrieu, Alain Gournac et Robert del Picchia, dans un rapport dont vous aurez bientôt la primeur. Car ce que nous avons vu aux États-Unis, c'est que le fameux mouvement de « bascule » de l'Europe vers l'Asie n'a rien d'évident, non plus qu'une prétendue baisse de la garde américaine sur notre continent. En revanche, ce que nous ont dit nos amis américains, c'est qu'ils avaient bien du mal à définir précisément quelle était la politique étrangère américaine. Les dépenses militaires américaines devraient certes ralentir, mais elles sont encore très, très loin devant celles des autres États du monde, l'écart est considérable. Enfin, sur l'industrie, nous avons dit à nos interlocuteurs qu'il n'était pas question pour nous d'abandonner nos industriels.
J'ajoute que le général Paloméros nous a confirmé l'importance qu'il y a de participer aux décisions stratégiques de l'OTAN, mais aussi l'intérêt de positions communes des Européens sur les questions de défense.