Intervention de Jean-Benoît Dujol

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 16 juillet 2014 : 1ère réunion
Table ronde sur la jeunesse

Jean-Benoît Dujol, délégué interministériel à la jeunesse :

Je voudrais dire quelques mots d'introduction sur la stratégie globale du Gouvernement. La priorité gouvernementale accordée à la jeunesse, qui a été rappelée à plusieurs reprises par le Président de République, s'exprime en peu de mots : il s'agit de faire en sorte que les jeunes de 2017 vivent mieux que ceux de 2012.

Deux phases se sont succédé depuis 2012, l'une consacrée aux mesures d'urgence, avec toute une série de mesures -garantie jeunes, contrats de génération, emplois d'avenir, refondation de l'école- l'autre, apparue à compter de l'automne 2012, qui repose sur la conceptualisation d'une véritable stratégie interministérielle des politiques de jeunesse, à travers le Comité interministériel de la jeunesse (CIJ), réactivé à cette occasion. Il s'agit d'un outil national, qui se décline ensuite à l'échelon territorial, à l'initiative des préfets de région.

L'interministérialité des politiques de jeunesse n'est pas un vain mot ; elle consiste à faire travailler ensemble vingt-quatre ministères. Je n'ai pas, à moi seul, en tant que délégué interministériel, la prétention de résumer l'ensemble de ces politiques, fondamentalement interministérielles pour la raison que vous avez évoquée : il n'y a en effet pas qu'une jeunesse, mais des jeunesses, confrontées à divers types de difficultés qu'il faut toutes appréhender.

La définition est elle-même problématique : on pourrait débattre des heures durant des bornes d'âge qu'il conviendrait de retenir. Commence-t-on dès l'enfance, à six ans, à douze ans, à quinze ans ? S'arrête-t-on à vingt ans, à vingt-cinq ans, à trente ans, voire à trente-cinq ans pour certains dispositifs européens ? On a là une palette de personnes et de problématiques extrêmement large. J'ai renoncé pour ma part à fixer des bornes d'âge et chaque dispositif a d'ailleurs fixé les siennes propres, ce qui est un facteur supplémentaire de difficulté. Sans doute la jeunesse peut-elle être définie par une situation de transition : être jeune, c'est finalement passer de quelque chose à autre chose, de la famille qu'on n'a pas choisie à celle qu'on a choisie, de l'éducation à l'emploi.

L'objectif des politiques de jeunesse est bien de tenir compte des difficultés propres à ces parcours, à ces transitions et d'essayer de les traiter globalement.

Le CIJ s'est réuni à deux reprises en 2013, puis en 2014. Une nouvelle réunion doit se tenir d'ici la fin de l'année, accompagnée d'un débat sur les questions de jeunesse, qui sera l'occasion de donner une nouvelle dimension à ces questions en associant plus étroitement la représentation nationale.

La politique de la jeunesse recouvre treize chantiers, implique vingt-quatre ministères et passe par plus de soixante mesures. Quatre principes directeurs sont supposés structurer l'ensemble. Le premier est le droit commun. On a prononcé plusieurs fois le mot de « dispositif » ; c'est un mot qu'il faudrait essayer de bannir de notre vocabulaire.

L'idée qu'on adopte une série de solutions spécifiques, adaptées à telle ou telle problématique, est souvent mal perçue par les jeunes avec lesquels nous travaillons, qui aspirent à être traités comme les autres et à accéder aux mêmes choses que les autres -logement, santé, loisirs, culture- afin de rejoindre de plain-pied le reste de la société.

Le deuxième principe consiste à viser l'autonomie et la sécurisation des parcours dans leur globalité. Les jeunes sont confrontés à toute une série de difficultés dans différents domaines : emploi, santé, culture, loisirs, insertion au sens large. L'objectif des politiques de jeunesse est de traiter l'ensemble de ces dimensions et donc l'ensemble de la personne.

Le troisième principe, très important, consiste à lutter contre les discriminations et les inégalités dont sont victimes les jeunes en tant que tels, mais aussi certains, parmi cette population, à divers degrés. C'est assez frappant en matière de politique de l'emploi : par rapport au taux de chômage global, le nombre de jeunes est multiplié par deux et dans les quartiers, ce taux est à nouveau multiplié par deux, et avoisine les 40 % ! Il existe donc des problèmes de discrimination et d'égalité d'accès à des biens supposés être partagés par tous.

Le quatrième principe structurant de ces politiques de jeunesse réside dans la participation des jeunes à la co-construction des politiques publiques. Ce n'est pas, là non plus, un vain mot. Au-delà de la consultation, il s'agit de partager et d'adapter les dispositifs ou les politiques publiques à l'avis exprimé par les jeunes.

L'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP) a réalisé d'intéressants travaux de recensement des dispositifs existant dans les différents ministères destinés à associer les jeunes. Beaucoup apparaissent hétérogènes et présentent une insuffisance globale à l'échelon ministériel. Un gros effort reste à faire sur ce sujet. Le CIJ et moi-même avons des rendez-vous extrêmement réguliers avec les associations de jeunes ; cette demande est très forte : ils se vivent et se pensent comme des acteurs des politiques publiques de la jeunesse.

Un point me paraît très important : ce dispositif national se décline territorialement. Ceci me paraît central : dès juin 2013, les préfets ont reçu pour instruction, après la première réunion du CIJ, de décliner le plan « Priorité jeunesse » à l'échelon territorial. Cela s'est traduit par des comités d'administration régionale (CAR) de la jeunesse. C'est la première fois que ce type de mécanisme a été mis en place. Il n'a pas été forcément très naturel pour des préfets de région de se pencher sur des questions de jeunesse. Ce sont souvent les directions régionales de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS) qui en ont été pilotes. Ceci a été très positif pour faire travailler l'État en régions sur ces questions. Chaque région s'est aujourd'hui dotée d'un plan qui décline, spécifie et enrichit le plan national.

Dans les régions où les choses se sont le mieux passées, ceci se fait en partenariat étroit avec le conseil régional, qui est un acteur de premier plan des politiques de jeunesse, leader en la matière sur un certain nombre de sujets.

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