Intervention de Yaëlle Amsellem-Mainguy

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 16 juillet 2014 : 1ère réunion
Table ronde sur la jeunesse

Yaëlle Amsellem-Mainguy, chargée d'études et de recherches à l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire :

De manière transversale, on a du mal à faire entrer dans un dispositif ceux que l'on appelle, à La Réunion, les « jeunes au bord du chemin », ou, en métropole, les « jeunes restés sur le carreau » ou encore les « punks à chien ».

Le service civique, comme les missions locales, en raison des difficultés d'accès de la jeunesse à l'emploi, sont surinvestis par des étudiants ou de jeunes diplômés, qui ont certes toute la légitimité pour cela mais qui, ce faisant, laissent moins de place et de temps aux travailleurs sociaux pour accéder en première ligne aux jeunes les plus démunis.

Je précise que même si les missions locales accueillent les jeunes jusqu'à vingt-cinq ans, certains y restent jusqu'à trente ou trente-cinq ans. Le travail entrepris par les acteurs sociaux perdure dans le temps, ceux-ci ayant du mal à lâcher les jeunes en demande du jour au lendemain.

Pourquoi a-t-on des difficultés avec les jeunes au bord du chemin ? En France, il existe encore une « familialisation » très forte des politiques publiques, dans laquelle les aides passent par l'intermédiaire des parents. De fait, les jeunes en rupture familiale se trouvent doublement en difficulté. Il existe beaucoup d'autres raisons, mais on n'a pas le temps de les exposer ici.

Une question m'a été posée sur le retour sur investissement des familles. On le voit bien dans le choix des colonies de vacances opérés par les parents, même lorsqu'il s'agit d'adolescents : il faut qu'ils apprennent quelque chose qui soit transférable aux compétences scolaires -anglais, mathématiques, sport.

Une colonie de vacances qui ne proposerait que de passer du bon temps ferait très peur aux parents. Une colonie de vacances qui prévoit des activités différentes toutes les deux heures -canyoning, rafting, spéléologie, mathématiques, anglais, anglais américain, anglais canadien, pour saisir toutes les subtilités de la langue- rassure, car il s'agit de compétences transférables et exploitables.

C'est en ce sens qu'il existe un surinvestissement très fort des loisirs, afin qu'ils servent également à l'école et assurent la continuité avec le diplôme. En France, on considère en effet toujours le diplôme comme une reconnaissance sociale : il faut être diplômé pour être quelqu'un. Quand on n'a pas son brevet, même s'il ne représente rien, on est moins que rien ! Quand on n'arrive pas à avoir son BEP, son CAP ou son baccalauréat, il est très compliqué de pouvoir accéder à un stage !

L'idée du guichet unique est revenue à plusieurs reprises. Comment faire avec ces jeunes qui sont perdus face à la diversité de l'offre ? Les jeunes eux-mêmes demandent que les choses soient plus claires. On pourrait imaginer un module qui invite à la découverte de la vie en société dès le collège, présentant les dispositifs qui existent, expliquant ce qu'est la sécurité sociale, Pôle emploi et la vie en société. Certes, cela s'appelle de l'instruction civique, mais personne ne le fait !

Dans certains territoires, le guichet unique qui fonctionne le mieux est le réseau information jeunesse. Bien qu'il existe de manière très hétérogène en France, c'est un acteur de première ligne pour capitaliser, connaître et diffuser les informations en matière d'emploi, de logement, de santé, de loisirs, de travail, etc.

Enfin, s'agissant de la question de la mobilité, je vous indique que l'Observatoire de la jeunesse rendra, fin 2014, un rapport sur la question des jeunes et du territoire, du quartier à la ville et du département à la région.

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